Zakat

Que Dieu me pardonne et me guide pour tout ce que j’aurais pu mal interpréter dans cette étude et ailleurs. Qu’Il puisse nous guider vers une meilleure compréhension de Sa révélation afin que nous puissions nous purifier et accroître notre savoir. Je vous prie de bien vouloir me contacter si vous pensez qu’il y a la moindre erreur dans cet article.

L’un des thèmes les plus répétés dans le Coran, tout simplement car il représente l’essence de l’islam, est de croire en Dieu et de pratiquer le bien. Par exemple :

وَٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ وَعَمِلُوا۟ ٱلصَّٰلِحَٰتِ أُو۟لَٰٓئِكَ أَصْحَٰبُ ٱلْجَنَّةِ هُمْ فِيهَا خَٰلِدُونَ

(2:82) Et ceux qui croient et pratiquent le bien sont ceux qui seront les compagnons du paradis. Ils y résideront pour l’éternité.

Dieu enjoint les hommes de « croire et de pratiquer le bien » plusieurs dizaines de fois dans le coran, afin que nous ne perdions pas de vue ce message le plus essentiel, de même que c’est la raison pour laquelle Dieu a institutionnalisé la prière rituelle (« croire ») et la zakât (« pratiquer le bien sous forme de charité »). C’est également la raison pour laquelle juste après la sourate Al Fatihah que le Coran décrit comme « les sept versets que l’on répète en séries de deux » [dans la prière rituelle] (15:87, voir article « salât coranique »), la sourate 2 commence de la façon suivante :

(2:1) Alif, Lam, Mim. (2:2) Voici le livre qui n’est sujet à aucun doute ; un guide pour ceux empreints de crainte [envers Dieu]. (2:3) Ceux qui croient dans le monde invisible et pratiquent la prière rituelle (salât), et de ce Nous leur procurons, ils donnent [une partie] en charité (c’est-à-dire la zakât et la charité en général].

Les autres piliers de l’islam, bien que très importants, ne sont pas au même niveau d’importance comme nous le verrons plus loin.

De même que tous les autres rituels de l’islam (la prière rituelle, le jeûne de ramadan, la ‘oumrah et le hajj), cette étude démontre une nouvelle fois que la charité obligatoire (zakât) telle qu’elle est décrite dans le coran a été déformée par l’islam sunnite. Nous verrons également que l’islam shiite a conservé une certaine idée du rituel coranique correct lié au paiement de la zakât avec le « khoums », mais a malheureusement dévié en détournant la zakât de ceux qui doivent réellement en bénéficier. Les musulmans de tradition sunnite, sous l’influence des hadiths autres que Dieu et Ses révélations (45:6), paient une zakât de 2,5%. Sûrs de leur fait, et bien que le coran lui-même proclame qu’il est pleinement détaillé (7:52, 10:37, 6:114), ils n’hésitent pas à défier Dieu et les musulmans qui suivent le coran exclusivement en demandant à ces derniers : « Si le coran est pleinement détaillé comme vous le prétendez, où se trouve donc le montant ou pourcentage de zakât, de même que tous les détails liés à son paiement ? ». Le but de cette étude est donc de rétablir, s’il plaît à Dieu, la vérité au sujet de la zakât, et de montrer que le pourcentage coranique est tout simplement l’unique montant de charité mentionné directement dans le Coran (20%), ce dernier expliquant exactement quand il faut payer, et quelle partie de nos revenus est imposable. Nous étudierons également le fait que le système coranique de charité obligatoire est totalement juste, ne pénalisant ni les riches ni les pauvres, tout en forçant les croyants à vivre selon leurs moyens afin d’établir une société équilibrée et un monde meilleur.

1. Zakât : Définition

Le mot zakât est dérivé de la racine zakâ (زكى), qui signifie « grandir », « purifier », « être pure et propre », « être véridique », « prospérer », « réussir », « améliorer ». Le mot « zakât » (زكوة) signifie « pureté », « aumône », « aumône légale », « excellence ». Dans le contexte coranique que nous allons étudier en détail, la zakât correspond à une aumône obligatoire sous forme de pourcentage de 20% (8:41) prélevée sur les revenus disponibles restant d’une personne quand vient « le jour de la récolte » (2:219, 6:141). Toute personne ou foyer a donc le devoir d’être responsable financièrement en ne vivant pas au dessus de ses moyens pour être en mesure de donner une partie de ce qu’elle a économisé à la fin d’un cycle de revenus à des personnes dans le besoin, un ordre préférentiel de priorité étant spécifié dans le coran (8:41).

En d’autres termes, la zakât (الزكوة) est une charité obligatoire dont le but est de purifier tout revenu que Dieu nous octroie par Sa grâce et miséricorde infinie, contribuant ainsi à éradiquer la pauvreté en nous imposant d’aider notre prochain.

2. Différence entre zakât et sadaqat

La racine Sadaqa (صدق) signifie « être véridique », « établir ou confirmer la vérité », mais également « vérifier », « respecter fidèlement une promesse ». Le verbe à la forme V (tasaddaqa = تصدق) signifie « abandonner quelque chose qui est dû sous forme de charité » (2:280, 4:92, 5:45), « dépenser en charité » (9:75, 63:10), « être charitable » (12:88).

Le mot « Sadaqat » signifie « charité » dans un sens large, la zakât correspondant donc à la forme obligatoire du concept de « sadaqat » (charité), étant bien entendu que le coran encourage la charité bien au delà du paiement de la zakât qui est un minimum.

إِنَّمَا ٱلصَّدَقَٰتُ لِلْفُقَرَآءِ وَٱلْمَسَٰكِينِ وَٱلْعَٰمِلِينَ عَلَيْهَا وَٱلْمُؤَلَّفَةِ قُلُوبُهُمْ وَفِى ٱلرِّقَابِ

وَٱلْغَٰرِمِينَ وَفِى سَبِيلِ ٱللَّهِ وَٱبْنِ ٱلسَّبِيلِ فَرِيضَةً مِّنَ ٱللَّهِ وَٱللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ

(9:60) Les dons caritatifs (al sadaqât = pluriel de sadaqat) sont exclusivement destinés aux pauvres et aux nécessiteux, à ceux qui les collectent, à ceux qui rapprochent les cœurs, dans le but de [libérer ceux dont] les cous [sont assujettis à l’esclavage], à ceux qui sont endettés, dans le chemin de Dieu, et au voyageur dans le besoin. Ceci est une obligation imposée par Dieu, et Dieu est Savant et Sage.

3. Il est préférable en Islam de donner en charité de façon anonyme

(2:271) Si vous divulguez [vos] charités, elles sont valables, mais si vous conservez l’anonymat et les donnez aux pauvres, c’est préférable pour vous, et Il vous absoudra de vos péchés. Dieu est pleinement conscient de ce que vous faites.

4. La zakât est obligatoire pour toute personne se réclamant de la foi musulmane

Le salut d’un musulman dans l’au delà dépend de sa foi en Dieu, de son comportement, du fait de s’acquitter de la zakât, et de croire aux versets de Dieu:

وَٱكْتُبْ لَنَا فِى هَٰذِهِ ٱلدُّنْيَا حَسَنَةً وَفِى ٱلْءَاخِرَةِ إِنَّا هُدْنَآ

إِلَيْكَ قَالَ عَذَابِىٓ أُصِيبُ بِهِۦ مَنْ أَشَآءُ وَرَحْمَتِى وَسِعَتْ كُلَّ شَىْءٍ

فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ وَيُؤْتُونَ ٱلزَّكَوٰةَ وَٱلَّذِينَ هُم بِـَٔايَٰتِنَا يُؤْمِنُونَ

(7:156) « Et décrète pour nous le bien en ce monde, de même que dans l’au delà. En vérité, nous nous sommes voués à Toi ! ». Il a déclaré [en retour] : « J’afflige de Ma punition qui Je veux, mais Ma miséricorde embrasse toute chose ; ainsi, Je la décrèterai pour ceux qui sont véridiques et s’acquittent de la zakât, et ceux qui croient en Nos versets ».

De même que la prière rituelle, la zakât est donc absolument obligatoire. Ces deux rituels sont placés plus haut que le jeûne de ramadan, la ‘oumrah et le hajj, qui peuvent dans certains cas particuliers être respectivement remplacés par des aumônes ou un sacrifice à distance (voir les articles sur le jeune de ramadan et le hajj pour plus de détails).

Participer activement à éradiquer la pauvreté et promouvoir le bien-être de son prochain est l’essence de l’islam. C’est tellement primordial qu’une personne n’a pas le droit de fréquenter une mosquée si elle ne fait pas la prière rituelle et ne paye pas la zakât, ce qui signifie que refuser de les pratiquer équivaut à ne pas être musulman aux yeux de Dieu :

إِنَّمَا يَعْمُرُ مَسَٰجِدَ ٱللَّهِ مَنْ ءَامَنَ بِٱللَّهِ وَٱلْيَوْمِ ٱلْءَاخِرِ وَأَقَامَ ٱلصَّلَوٰةَ

وَءَاتَى ٱلزَّكَوٰةَ وَلَمْ يَخْشَ إِلَّا ٱللَّهَ فَعَسَىٰٓ أُو۟لَٰٓئِكَ أَن يَكُونُوا۟ مِنَ ٱلْمُهْتَدِينَ

(9:18) Seul celui qui croit en Dieu et la vie future, fait la prière rituelle (salât), s’acquitte de la zakât, et ne craint (autre) que Dieu, se voit accorder (l’accès et l’entretien) des mosquées de Dieu.

Pour la même raison, une personne qui embrasse l’islam ou qui se prétend musulmane ne fait réellement partie de la communauté musulmane qu’une fois qu’elle fait la prière rituelle (salât) et s’acquitte de la zakât.

Les versets ci-dessous sont un autre exemple du fait que la pratique de la prière et de la zakât nous permettent de juger si une personne est musulmane ou non :

فَإِذَا ٱنسَلَخَ ٱلْأَشْهُرُ ٱلْحُرُمُ فَٱقْتُلُوا۟ ٱلْمُشْرِكِينَ حَيْثُ

وَجَدتُّمُوهُمْ وَخُذُوهُمْ وَٱحْصُرُوهُمْ وَٱقْعُدُوا۟ لَهُمْ

كُلَّ مَرْصَدٍ فَإِن تَابُوا۟ وَأَقَامُوا۟ ٱلصَّلَوٰةَ

وَءَاتَوُا۟ ٱلزَّكَوٰةَ فَخَلُّوا۟ سَبِيلَهُمْ إِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

(9:5) Et une fois que les mois sacrés sont passés, alors tuez les polythéistes où que vous les trouviez, saisissez-les, assiégez-les, tenez vous [à l’affût] à chaque [endroit où vous pouvez leur faire une] embuscade. Mais s’ils se repentent, font la prière rituelle et s’acquittent de la zakât, alors laissez leur la voie (libre). En vérité, Dieu est celui qui pardonne, Il est Miséricordieux.

فَإِن تَابُوا۟ وَأَقَامُوا۟ ٱلصَّلَوٰةَ وَءَاتَوُا۟ ٱلزَّكَوٰةَ

فَإِخْوَٰنُكُمْ فِى ٱلدِّينِ وَنُفَصِّلُ ٱلْءَايَٰتِ لِقَوْمٍ يَعْلَمُونَ

(9:11) Mais s’ils se repentent et font la prière rituelle, et s’acquittent de la zakât, alors ils sont vos frères en religion. Et nous expliquons en détail les versets aux gens qui possèdent la connaissance.

Juste en passant, le verset 9:5 ci-dessus est très souvent cité hors contexte par les adversaires de l’Islam de même que par certains terroristes qui se réclament à tort de la foi musulmane et qui veulent forcer les gens à se convertir à l’islam, alors que le contexte de la sourate est simplement celui d’une guerre totale contre les polythéistes qui voulaient à tout prix commettre un génocide contre les musulmans et anéantir le pur monothéisme prêché par notre saint prophète. Le Coran décrète clairement un message de paix et de respect des autres religions :

لَآ إِكْرَاهَ فِى ٱلدِّينِ قَد تَّبَيَّنَ ٱلرُّشْدُ مِنَ ٱلْغَىِّ فَمَن يَكْفُرْ بِٱلطَّٰغُوتِ وَيُؤْمِنۢ

بِٱللَّهِ فَقَدِ ٱسْتَمْسَكَ بِٱلْعُرْوَةِ ٱلْوُثْقَىٰ لَا ٱنفِصَامَ لَهَا وَٱللَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ

(2:256) Point de contrainte en religion : La voie droite s’est distinguée de l’égarement. Ainsi, quiconque rejette les vaines idoles et croit en Dieu aura en toute certitude saisi le lien le plus ferme qui soit, celui qui ne rompt jamais. Dieu est celui qui entend tout, l’Omniscient.

ٱدْعُ إِلَىٰ سَبِيلِ رَبِّكَ بِٱلْحِكْمَةِ وَٱلْمَوْعِظَةِ ٱلْحَسَنَةِ وَجَٰدِلْهُم بِٱلَّتِى هِىَ

أَحْسَنُ إِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ بِمَن ضَلَّ عَن سَبِيلِهِۦ وَهُوَ أَعْلَمُ بِٱلْمُهْتَدِينَ

(16:125) Invite [Ô prophète] vers la voie de Ton Seigneur avec sagesse et conformément à l’enseignement du bien, et débat avec eux de la façon la plus convenable. En vérité, Ton Seigneur est celui qui sait qui s’est égaré de Sa voie, et Il est celui qui connait ceux qui sont bien guidés.

5. La zakât est basée sur un pourcentage de nos revenus

وَٱلَّذِينَ فِىٓ أَمْوَٰلِهِمْ حَقٌّ مَّعْلُومٌ

(70:24) Et ceux dont les biens sont assujettis à un pourcentage (haq = حق) défini/ bien connu.

وَفِىٓ أَمْوَٰلِهِمْ حَقٌّ لِّلسَّآئِلِ وَٱلْمَحْرُومِ

(51:19) Et de leurs biens, un pourcentage/une part (haq = حق) est destiné aux mendiants et aux nécessiteux.

6. Quel est le pourcentage de zakât indiqué par le Coran ?

Dieu proclame que Son livre est pleinement détaillé (7:52, 10:37, 6:114), il est donc strictement impossible que le pourcentage de zakât soit celui mentionné par les hadiths (2.5%), lequel ne figure pas dans le coran. Nous devons donc tout simplement nous référer au seul pourcentage (haq = حق) de charité indiqué par le saint Coran et qui indique le taux de zakât auquel sont soumis les butins:

وَٱعْلَمُوٓا۟ أَنَّمَا غَنِمْتُم مِّن شَىْءٍ فَأَنَّ لِلَّهِ خُمُسَهُۥ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِى ٱلْقُرْبَىٰ

وَٱلْيَتَٰمَىٰ وَٱلْمَسَٰكِينِ وَٱبْنِ ٱلسَّبِيلِ إِن كُنتُمْ ءَامَنتُم بِٱللَّهِ وَمَآ أَنزَلْنَا

عَلَىٰ عَبْدِنَا يَوْمَ ٱلْفُرْقَانِ يَوْمَ ٱلْتَقَى ٱلْجَمْعَانِ وَٱللَّهُ عَلَىٰ كُلِّ شَىْءٍ قَدِيرٌ

(8:41) Et sachez que quoi que ce soit que vous obteniez en matière de butin, un cinquième (20%) en revient à Dieu, ainsi qu’à Son messager, la famille proche, les orphelins, les nécessiteux, et les voyageurs en état de vulnérabilité financière, si seulement vous croyez en Dieu et ce que nous avons révélé à notre serviteur le jour du dénouement : Jour de l’affrontement entre les deux parties adverses. Et Dieu est Tout Puissant sur toute chose.

Comme indiqué dans le verset, les revenus perçus sur les butins sont tout naturellement soumis au « taux bien connu » (70:24), c’est-à-dire le taux de zakât, et dont nous constatons qu’il s’agit de 20%. Il n’y a aucune raison que le taux de zakât (charité obligatoire) en matière de butin soit différent de celui sur les autres types de revenus, tout simplement parce que Dieu l’aurait autrement spécifié directement dans le Coran pleinement détaillé. Ce pourcentage de 20% a d’ailleurs été préservé dans l’islam shiite, où le « khoums » (littéralement « cinquième ») est calculé sur les profits en matière de revenus – plus précisément le surplus – et est payable au début de l’année financière. Le problème est qu’au lieu d’être distribué « à la famille proche, les orphelins, les nécessiteux, et les voyageurs en état de vulnérabilité financière » comme l’indique le coran, il s’agit simplement d’un impôt, et il s’agit donc d’une distortion du rituel coranique.

7. La zakât est calculée sur les profits

La seule différence entre la zakât sur les butins et sur un revenu classique est que la zakât sur le revenu classique est basée sur les profits :

يَسْـَٔلُونَكَ عَنِ ٱلْخَمْرِ وَٱلْمَيْسِرِ قُلْ فِيهِمَآ إِثْمٌ كَبِيرٌ وَمَنَٰفِعُ لِلنَّاسِ وَإِثْمُهُمَآ أَكْبَرُ مِن

نَّفْعِهِمَا وَيَسْـَٔلُونَكَ مَاذَا يُنفِقُونَ قُلِ ٱلْعَفْوَ كَذَٰلِكَ يُبَيِّنُ ٱللَّهُ لَكُمُ ٱلْءَايَٰتِ لَعَلَّكُمْ تَتَفَكَّرُونَ

(2:219) Ils t’interrogent au sujet de ce qui altère les facultés de l’esprit et les jeux de hasard : Ils comportent tous deux un grand péché et des bénéfices pour les gens, mais le péché qu’ils comportent excède leurs bénéfices. Et ils te demandent ce qu’ils doivent dépenser en charité : Le surplus. Dieu clarifie ainsi les versets afin que vous puissiez méditer.

Le verbe « anfaqa » (forme IV : ينفقون = ce qu’ils doivent dépenser [en charité]) réfère ici clairement aux dépenses caritatives, de même que par exemple le verset 2:3 cité plus haut où l’on trouve le même verbe. « Dépenser en charité » désigne aussi bien la zakât que la charité en général (sadaqat), et indique selon le contexte général du Coran que la zakât est basée sur le surplus dégagé après consommation chaque fois qu’il y a « moisson » (6:141), c’est à dire revenus.

Le même terme « ‘afwa » (عفو = surplus) apparaît une seule autre fois dans le Coran :

خُذِ ٱلْعَفْوَ وَأْمُرْ بِٱلْعُرْفِ وَأَعْرِضْ عَنِ ٱلْجَٰهِلِينَ

(7:199) Mettez de coté le surplus et ordonnez le bien, et détournez-vous des ignorants.

Le mot « ‘afwa » en 7:199 est souvent traduit par « pardon » dans certaines traductions, mais doit à mon sens se conformer au sens du verset 2:219. Nous voyons donc ici l’importance cruciale de « mettre de coté » un surplus (dégagé après les dépenses courantes), qui permet à la fois d’économiser pour bâtir l’avenir, ainsi que de payer la zakât en en soustrayant le taux bien connu de 20%.

Un tel système est juste car un foyer avec sept enfants et une personne célibataire paieront 20% de leur surplus et non de leurs revenus bruts. Payer 2.5% de ses revenus comme c’est pratiqué dans l’islam sunnite (que cela soit avant ou après impôts importe peu) est injuste car cela pénalise les personnes dans le besoin qui ont du mal à simplement finir la fin du mois, c’est-à-dire « joindre les deux bouts ». Payer 20% de ses économies le jour d’une « moisson » ou période de revenus est au contraire parfaitement équitable car si une personne n’a quasiment aucune économie, cela représentera un montant très faible, tout en forçant cette personne dans le besoin à tout de même mettre de coté quelque chose car la zakât est obligatoire, ainsi qu’à être responsable financièrement. En contrepartie, les personnes aisées qui sont à même d’économiser énormément d’argent sont forcées de donner un montant substantiel (20%) de leurs économies.

Ce système oblige non seulement les musulmans à pratiquer le bien, d’économiser, et de vivre selon leurs moyens, mais doit normalement éviter aux gens de contracter des dettes irresponsables, procurant ainsi un garde fou afin d’établir une société financièrement saine et responsable, et qui peut grandir d’une façon saine. Le but du système de la zakât est, s’il est bien compris, à la fois d’éradiquer et d’endiguer la pauvreté. Cela doit à mon sens passer par le fait d’éduquer la population pour que les gens soient responsables financièrement, ce qui devrait être enseigné à l’école depuis le plus jeune âge, et ce qui manque complètement à la plupart des sociétés modernes à ma connaissance. En deux mots, si j’en avais la responsabilité, je proposerais une classe « d’éducation et responsabilité financière » chaque année durant toute la scolarité à tous les étudiants depuis leur plus jeune âge, afin de produire une société musulmane riche, responsable et généreuse envers son prochain. Chaque personne doit apprendre à gérer, économiser, établir des buts financiers réalistes, investir, créer une entreprise, etc… tout en payant sa part de 20% de zakât sur les revenus économisés après impôts et dépenses courantes.

Le système de la zakât doit également attirer notre attention sur le fait que l’argent que nous gagnons ne nous appartient pas, mais que nous sommes simplement gestionnaires des biens que Dieu nous octroie.

8. Dieu indique un ordre de préférence pour la zakât:

De même que la zakât en matière de butin, tout revenu et zakât qui en découle doit suivre le même ordre de priorité que celui énoncé dans le verset suivant :

يَسْـَٔلُونَكَ مَاذَا يُنفِقُونَ قُلْ مَآ أَنفَقْتُم مِّنْ خَيْرٍ فَلِلْوَٰلِدَيْنِ وَٱلْأَقْرَبِينَ

وَٱلْيَتَٰمَىٰ وَٱلْمَسَٰكِينِ وَٱبْنِ ٱلسَّبِيلِ وَمَا تَفْعَلُوا۟ مِنْ خَيْرٍ فَإِنَّ ٱللَّهَ بِهِۦ عَلِيمٌ

(2:215) Ils te demandent ce qu’ils doivent donner en charité : Dis [Ô Mohammed] : Toute donation caritative revient à vos parents, votre famille, les orphelins, les nécessiteux et les voyageurs en état de vulnérabilité financière. Tout bien que vous fassiez, Dieu en est certes pleinement conscient.

L’ordre ci-dessus est le même que celui mentionné en 8:41, qui comme nous l’avons vu mentionne le paiement d’une zakât de 20% :

1. Les parents,

2. la famille proche,

2. les orphelins,

3. les nécessiteux,

4. les voyageurs en état de vulnérabilité financière.

Cet ordre de priorité s’applique à toutes les charités (sadaqât), que ce soit la zakât, obligatoire par définition, ou charités optionnelles supplémentaires.

9, Quand doit-on s’acquitter de la zakât ?

Le même mot « Haq » (حق = pourcentage) est également employé en 6:141, qui définit quand le croyant doit s’acquitter de la zakât :

وَهُوَ ٱلَّذِىٓ أَنشَأَ جَنَّاتٍ مَّعْرُوشَٰتٍ وَغَيْرَ مَعْرُوشَٰتٍ وَٱلنَّخْلَ وَٱلزَّرْعَ

مُخْتَلِفًا أُكُلُهُۥ وَٱلزَّيْتُونَ وَٱلرُّمَّانَ مُتَشَٰبِهًا وَغَيْرَ مُتَشَٰبِهٍ كُلُوا۟ مِن ثَمَرِهِۦٓ

إِذَآ أَثْمَرَ وَءَاتُوا۟ حَقَّهُۥ يَوْمَ حَصَادِهِۦ وَلَا تُسْرِفُوٓا۟ إِنَّهُۥ لَا يُحِبُّ ٱلْمُسْرِفِينَ

(6:141) Et Il est Celui qui a créé des jardins clôturés ou sans clôtures, les palmiers dattiers, les divers types de moissons, les olives, les grenades, similaires ou non similaires. Consommez ses fruits quand il porte ses fruits, et acquittez-vous de sa part [due] (Haqahou = sa part/pourcentage, c’est-à-dire de zakât) le jour de sa moisson. Et ne soyez pas excessifs ! Il n’aime pas ceux qui sont excessifs.

La zakât doit être payée chaque fois qu’une récolte porte ses fruits. Cela peut être une fois par an (selon le concept d’année solaire, et non lunaire car les récoltes sont assujetties à l’année solaire) si un fermier n’a qu’un type de moisson, ou chaque fois qu’il y a une moisson sur ses terres. En d’autres termes, un croyant doit s’acquitter de la zakât chaque fois qu’il a des revenus, qu’ils soient mensuels, hebdomadaires, annuels, etc…

Dans les sociétés modernes, et du fait d’impôts souvent élevés et compliqués à calculer, je proposerais personnellement que la zakât soit payée annuellement selon le concept d’année solaire (et non lunaire), en faisant en sorte que la date des impôts sur les revenus des foyers et sociétés corresponde à la date de la récolte principale d’un pays, état ou région donnée (par exemple du blé, maïs, ou autre), et permettant ainsi aux croyants d’être sûrs du montant d’impôts à payer, et de calculer la zakât sur leurs économies restantes après impôts, c’est-à-dire sur ce qui leur reste de la « moisson annuelle » à la fin d’un cycle solaire, après s’être occupé de leurs familles et de toutes les dépenses courantes et impôts. De plus, on peut souvent mieux aider les nécessiteux en payant un montant annuel substantiel qu’avec des montants fragmentés moins importants si une personne décide de payer la zakât chaque fois qu’il y a revenu.

La zakât est à mon sens clairement calculée sur ce qui reste de la moisson précédente et non sur celle en cours d’être récoltée « le jour de la moisson », car une moisson se récolte souvent sur plusieurs jours et est très rarement vendue et monnayée le même jour. Le Coran est clair que le pourcentage de zakât doit être payé un jour bien précis, c’est à dire celui de la « récolte », à savoir quand on sait exactement ce dont on dispose de l’année précédente.

Conclusion

Ces déductions logiques indiquent à mon sens très clairement qu’il faut comprendre le verset 6:141 dans le contexte général du coran et de tous les versets référant à la charité en général, ainsi que la zakât, pour comprendre qu’elle se paye:

– sur le surplus (2:219),

– qu’un surplus doit être minutieusement mis de coté (afin de s’acquitter de la zakât) (7:199),

– qu’il s’agit d’une part bien précise, c’est-à-dire un pourcentage (70:24, 51:19, 6:141),

– qu’il s’agit de 20% (8:41),

– et qu’elle se règle un jour bien précis, c’est à dire celui de la moisson (6:141).

– Le croyant doit orienter le paiement de sa zakât en ayant à l’esprit l’ordre préférentiel indiqué par Dieu en 8:41 et 2:215 :

1. Les parents,

2. la famille proche,

2. les orphelins,

3. les nécessiteux,

4. les voyageurs en état de vulnérabilité financière.

– En cas de guerre de guerre et s’il y a saisie de butin, la zakât de 20% est déduite du montant total du butin (8:41), ce qui constitue une exception, car toute charité est autrement prélevée ou donnée à partir du surplus, c’est-à-dire tout simplement ce que les croyants peuvent se permettre de payer.