Que Dieu me pardonne et me guide pour tout ce que j’aurais pu mal interpréter dans cette étude et ailleurs. Qu’Il puisse nous guider vers une meilleure compréhension de Sa révélation afin que nous puissions nous purifier et accroître notre savoir.

Le coran interdit-il les prêts à taux d’intérêts ? C’est bien sûr une question récurrente que chaque musulman est amené à se poser, et nous montrerons que l’interprétation traditionnelle sunnite qui veut que tout prêt soumis à un taux d’intérêt quel qu’il soit est interdit en islam est en réalité fausse. Le coran définit en fait une limite par rapport aux taux d’intérêts, et définit un maximum très précis au delà duquel tout taux d’intérêt ou bénéfice sur une somme empruntée devient usuraire, ce qui est catégoriquement interdit par le coran. Nous verrons par ailleurs que le système mis en place par le coran avec les limites qu’il implique est un juste milieu divinement établi qui évite les problèmes d’usure qui minent les sociétés occidentales tout en permettant une croissance économique mesurée et durable, et résoudrait également le problème endémique lié aux dettes nationales catastrophiques que nombres de pays connaissent aujourd’hui de par le monde, ce qui menace la paix et la stabilité économique mondiale.
1. Qu’est qu’un taux d’intérêt ?
Le taux d’intérêt fait référence à un pourcentage fixé à l’avance, qu’une personne morale ou physique devra verser à un organisme ou à un particulier qui lui prête une somme d’argent. Un taux d’intérêt constitue un revenu sur une somme prêtée pour le prêteur, et l’emprunteur pourra faire usage de la somme empruntée en échange d’un prix à payer pour emprunter. Le taux d’intérêt est le pourcentage de ce revenu par rapport à la somme prêtée, lequel est le plus souvent exprimé sur une année. Le prêteur a par définition un « intérêt » à prêter de l’argent en échange d’une rémunération, et n’aurait autrement et généralement, sauf cas particulier et exceptionnel, aucun intérêt à prêter une somme quelle qu’elle soit.
Le taux et les modalités de versement de cette rémunération sont généralement fixés lors de la conclusion d’un contrat de prêt. Ce pourcentage tient habituellement compte de la durée du prêt, de la nature des risques encourus, et des garanties offertes par le prêteur.
2. Se focaliser sur le terme « taux d’intérêt » n’a aucun sens
Ce qui suit semblera être un véritable lieu commun pour beaucoup, mais doit malheureusement être dit compte tenu des croyances ancrées dans l’islam traditionnel sunnite et shiite.
Imaginions cinq cas de figure dans lesquels une personne emprunte 10000 euros sur 10 ans :
1. Une personne emprunte 10000 euros sur 10 ans à un taux composé annuel de 2.5%.
2. Une personne emprunte 10000 euros sur 10 ans, et paye un prix de 7000 euros pour emprunter cette somme, qu’elle doit rembourser au terme de 10 ans.
3. Une personne emprunte 10000 euros sur 10 ans, à un taux composé annuel de 7.5%.
4. Une personne emprunte 10000 euros sur 10 ans, et paye un prix de 11000 euros pour emprunter cette somme, qu’elle doit rembourser au terme de 10 ans.
5. Une personne emprunte 10000 euros sur 10 ans, à un taux composé annuel de 25%.

Les sunnites et les shiites prétendent qu’emprunter de l’argent à taux d’intérêt est interdit, quel que soit le cas de figure, et ils prétendent qu’emprunter de l’argent en échange d’une somme fixe déterminée à l’avance est autorisé. L’un des buts des exemples ci-dessus est de montrer qu’une telle croyance est absolument ridicule, car emprunter de l’argent sur une durée déterminée en échange d’une somme fixe, revient toujours à payer l’équivalent d’un taux d’intérêt, et lequel peut être abusif. Qu’il soit exprimé sous la forme d’une somme fixe ou d’un intérêt revient strictement au même, er c’est pour cela que les échéanciers de prêts immobiliers indiquent
– Dans le cas numéro 2, une personne a emprunté 10000 euros sur 10 ans, en échange du paiement de 7000 euros, ce qui revient quasiment exactement à un taux annuel composé de 5.5%.
– Dans le cas numéro quatre, une personne a emprunté 10000 euros sur 10 ans, en échange du paiement de 11000 euros, ce qui revient quasiment exactement à un taux annuel composé de 7.7%.
Allez-vous me dire qu’emprunter de l’argent sur 10 ans à un intérêt composé annuel de 2.5 % est interdit (prix pour emprunter 10000 euros = 2800,85 euros ), alors qu’emprunter la même somme en payant une somme fixe de 7000 euros (cas numéro 2, ce qui correspond à un taux de 5.5%) est autorisé ? Pour information, le cas numéro deux est un cas type de prêt immobilier à des musulmans sunnites (et approuvé par les autorités sunnites américaines) en échange d’une somme fixe que j’ai trouvé dans un article sur CNN.
Tout ceci pour dire qu’il est absolument hypocrite que de prétendre qu’emprunter à un taux d’intérêt est interdit alors qu’emprunter en échange d’une somme fixe peut l’être. En réalité emprunter à taux d’intérêt ou en échange d’une somme fixe sur une période donnée revient strictement au même, et payer un taux d’intérêt très bas est bien entendu plus avantageux et moins abusif que de payer une somme fixe trop élevée. Nous allons étudier dans un premier temps les versets ayant trait à l’usure, et nous verrons par la suite que Dieu a fixé une limite précise dans le coran pour définir ce qui constitue de l’usure, et ce qui ne l’est pas.
3. Les versets coraniques qui traitent du sujet de l’usure
الَّذِينَ يَأْكُلُونَ الرِّبَا لَا يَقُومُونَ إِلَّا كَمَا يَقُومُ الَّذِي يَتَخَبَّطُهُ
الشَّيْطَانُ مِنَ الْمَسِّ ذَٰلِكَ بِأَنَّهُمْ قَالُوا إِنَّمَا الْبَيْعُ مِثْلُ الرِّبَا وَأَحَلَّ
اللَّهُ الْبَيْعَ وَحَرَّمَ الرِّبَا فَمَن جَاءَهُ مَوْعِظَةٌ مِّن رَّبِّهِ فَانتَهَىٰ فَلَهُ مَا
سَلَفَ وَأَمْرُهُ إِلَى اللَّهِ وَمَنْ عَادَ فَأُولَٰئِكَ أَصْحَابُ النَّارِ هُمْ فِيهَا خَالِدُونَ
(2:275) Ceux qui se sustentent (nourrissent) d’intérêts usuraires ne pourront se tenir debout si ce n’est à la manière de celui que satan désarçonne en l’atteignant physiquement, ce parce qu’ils disent : « Le commerce est en réalité semblable à l’intérêt usuraire. » Alors que Dieu a autorisé le commerce et a interdit l’intérêt usuraire. Ainsi, quiconque reçoit l’avertissement de son Seigneur et s’abstient, conservera ses acquis, et son sort demeurera entre les mains de Dieu, mais quiconque récidive : Tels sont ceux qui seront les compagnons du feu, dans lequel ils séjourneront de façon permanente.
يَمْحَقُ اللَّهُ الرِّبَا وَيُرْبِي الصَّدَقَاتِ وَاللَّهُ لَا يُحِبُّ كُلَّ كَفَّارٍ أَثِيمٍ
(2:276) Dieu réduit à néant l’intérêt usuraire, et fait prospérer la charité, et Dieu n’aime point les pécheurs ingrats.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اتَّقُوا اللَّهَ وَذَرُوا مَا بَقِيَ مِنَ الرِّبَا إِن كُنتُم مُّؤْمِنِينَ
(2:278) Ô vous qui croyez, craignez Dieu et renoncez à l’intérêt usuraire résiduel si vous êtes croyants.
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَأْكُلُوا الرِّبَا أَضْعَافًا مُّضَاعَفَةً وَاتَّقُوا اللَّهَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ
(3:130) Ô vous qui croyez, ne vous sustentez pas (nourrissez pas) d’intérêts usuraires doublés (أَضْعَافًا est pluriel) plusieurs fois. Et craignez Dieu, afin que vous connaissiez le succès.
وَأَخْذِهِمُ الرِّبَا وَقَدْ نُهُوا عَنْهُ وَأَكْلِهِمْ أَمْوَالَ النَّاسِ
بِالْبَاطِلِ وَأَعْتَدْنَا لِلْكَافِرِينَ مِنْهُمْ عَذَابًا أَلِيمًا
(4:161) Et parce qu’ils s’accaparent d’intérêts usuraires, alors qu’ils leur étaient interdits, et parce qu’ils dévorent injustement les richesses des gens ; Nous avons préparé pour les incrédules parmi eux un châtiment douloureux.
وَمَا آتَيْتُم مِّن رِّبًا لِّيَرْبُوَ فِي أَمْوَالِ النَّاسِ فَلَا يَرْبُو عِندَ اللَّهِ
وَمَا آتَيْتُم مِّن زَكَاةٍ تُرِيدُونَ وَجْهَ اللَّهِ فَأُولَٰئِكَ هُمُ الْمُضْعِفُونَ
(30:39) Et ce que vous acquittez en tant qu’intérêt usuraire accroîtra les richesses des gens, mais ne prospèrera point auprès de Dieu. Par contre, ce que vous acquittez comme zakât dans le but de [trouver] le visage de Dieu : Tels sont ceux qui seront en mesure de multiplier [leur richesse].
4. Définition du taux usuraire selon la coran
4.1 Signification de « ribâ »
Le mot « ribâ’ (رِّبَا) est dérivé de la racine « rabâ » (ربَا) qui signifie « augmenter », « accroître », « enfler », « éduquer » (un enfant).
Compte tenu de la signification de la racine « rabâ », on peut comprendre pourquoi le mot « ribâ » signifie « usure », ou « intérêt (usuraire) », dans le sens où l’un des vices lié à l’intérêt usuraire est qu’il augmente sans fin tant que le prêt et ses intérêts ne sont pas remboursés, et de façon exponentielle si une personne n’est pas en mesure de rembourser suffisamment (par exemple dans le cas de figure numéro 5); Nous allons expliquer pourquoi ce concept est clairement interdit par le coran, mais aussi pourquoi le simple fait de faire payer un prêt au delà d’une certaine limite, même s’il s’agit d’une somme fixe, tombe également dans le cadre du « ribâ » et est donc interdit.
2:275 établit une différence fondamentale entre le commerce qui génère des bénéfices fixes basés sur le travail et l’échange de biens, et le « ribâ » qui est interdit parce qu’il génère des bénéfices qui ne sont pas basés sur la rémunération du travail ou du commerce mais sur des prêt passifs à des taux souvent exponentiels et qui mènent souvent ses victimes à la ruine ou à l’endettement durable. Le commerce et le travail sont des moyens sains de gagner sa vie, mais gagner des sommes déraisonnables en ne faisant absolument rien d’autre de prêter de l’argent est illégal. Ceci dit, on peut également tout à fait arguer qu’une personne peut avoir travaillé durement avoir d’être en mesure de prêter de l’argent, et mérite donc une rémunération si elle prête. Il n’y a rien de mal à gagner de l’argent en prêtant de l’argent, simplement, nous allons voir que Dieu a fixé des limites saines pour éviter de tomber dans une situation d’abus, et privilégier le commerce et le travail tout en limitant la capacité à s’enrichir de façon passive et malhonnête.
Il est important de noter que 30:39 décourage très fortement de payer des « intérêts usuraires », de même qu’il est interdit de les faire payer à autrui. En d’autres termes, le verset implique qu’il est très mauvais d’accepter un prêt qui tombe dans le cadre d’une rémunération usurière, et qu’il faut donc à tout prix s’extraire de toute situation où l’on est pris dans la spirale de l’usure, afin de s’acquitter normalement de la zakât tel que tout musulman est absolument obligé de le faire, et afin de pouvoir réellement prospérer auprès de Dieu en aidant son prochain, sans être empêtré dans les dettes, exploité et affaibli financièrement par des sangsues sans scrupules.
Compte tenu de ce que nous avons vu dans les cas de figure décris dans le tableau, et qu’un taux d’intérêt sur une période donnée est en fait strictement la même chose que de payer une somme fixée à l’avance, quelle est la limite divine qui établit la différence entre le concept de bénéfice autorisé par rapport à une somme prêtée, et ce qui constitue au contraire le « ribâ » (intérêt ou bénéfice usuraire), dont nous avons vu qu’il s’agit d’un péché qui mène tout droit en enfer (2:275).
4.2 3:130 implique une définition précise du terme « ribâ ».
Le verset 3:130 est celui qui permet d’établir cette distinction, et de comprendre la définition coranique exacte du mot « ribâ » :
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَأْكُلُوا الرِّبَا أَضْعَافًا مُّضَاعَفَةً وَاتَّقُوا اللَّهَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ
(3:130) Ô vous qui croyez, ne vous sustentez pas (nourrissez pas) d’intérêts usuraires doublés plusieurs fois (multipliés). Et craignez Dieu, afin que vous connaissiez le succès.
La traduction ci-dessus est je pense la plus littérale possible. Le langage du coran est divinement précis et il est strictement interdit d’inventer de faux interdits en islam, ce qui revient à associer à Dieu. Dieu ne se contente pas de dire qu’un prêt ne peut pas doubler, tout simplement car le fait de doubler une somme empruntée n’est pas suffisant pour définir le ribâ. C’est pourquoi Il le définit très précisément comme étant le fait de faire « doubler plusieurs fois » et plus littéralement « doubler multiplier », c’est-à-dire de faire payer plus que le double la somme.
Le mot « ad’âfâ (أَضْعَافًا = nom pluriel) signifie « doublés » et le mot « moudâ’afatan » (مُّضَاعَفَةً) signifie « multiplié ».
A titre d’exemple, on trouve également ces deux mots dans un même verset en 2:245 :
مَّن ذَا الَّذِي يُقْرِضُ اللَّهَ قَرْضًا حَسَنًا فَيُضَاعِفَهُ لَهُ
أَضْعَافًا كَثِيرَةً وَاللَّهُ يَقْبِضُ وَيَبْسُطُ وَإِلَيْهِ تُرْجَعُونَ
(2:245) Qui est celui qui fera don à Dieu d’un prêt basé sur le bien afin qu’Il le multiplie à son profit du double [et ce] de nombreuses fois ? Et Dieu dénie ou accorde l’abondance, et vous serez ramenés à Lui.
On peut donc déduire du verset 3:130 que le maximum qu’une personne peut faire payer pour un prêt est le double de la somme empruntée. C’est un maximum, et cela devrait donc être généralement moins. Si une personne fait payer un taux d’intérêt, le taux d’intérêt doit obligatoirement passer à 0% une fois que la somme totale à rembourser atteint deux fois la somme empruntée, même en situation de défaut de paiement.

Dans le tableau ci-dessus, les emprunts dans les cas numéro 1 et 2 sont autorisés, et tous les autres sont interdits, car la somme fait plus que doubler au final.
Un taux d’intérêt qui passe à 0% une fois que la somme atteint 100% de la somme empruntée est équivalent à faire payer le double de l’emprunt au maximum, et n’est en fait pas vraiment un taux d’intérêt classique comme on l’entend dans les sociétés occidentales corrompues et qui peut courir à l’infini tant que la somme empruntée n’est pas complètement remboursée. Si un tel emprunt et taux d’intérêt est remboursé en avance, c’est plus avantageux et moins coûteux pour l’emprunteur qu’une somme fixe déterminée à l’avance qui représenterait le double de la somme ou plus. Si l’emprunteur ne respecte pas les termes de l’emprunt et fait défaut de paiement, un bien (immobilier ou autre) peut bien sûr être vendu pour rembourser la somme empruntée et les intérêts convenus.
5. Une dette doit être mise par écrit
(2:282) Ô vous qui croyez, lorsque vous contractez une dette pour un terme spécifique, alors mettez la par écrit. Et qu’un scribe parmi vous [l’]écrive de façon équitable ; et aucun scribe ne devrait refuser d’écrire tel que Dieu le lui a enseigné. Qu’il écrive donc et que celui qui encoure la dette dicte, et qu’il craigne Dieu, son Seigneur ; et qu’il ne soustraye rien. Et si celui qui encoure la dette est déficient mentalement ou en état de faiblesse, ou incapable de dicter, alors que son tuteur (littéralement : gardien) dicte en toute équité, et appelez deux témoins parmi vos hommes à témoigner. Et s’il n’y a pas deux hommes [disponibles], alors un homme et deux femmes que vous agréez comme témoins, de sorte que si l’une d‘elles s’égare, alors l’autre le lui rappellera, et les témoins ne peuvent se désister lorsqu’ils sont appelés [à témoigner]. Et ne laissez point la fatigue vous gagner lorsque vous l’écrivez, que son échéance soit courte ou longue. Ceci est plus juste auprès de Dieu, plus crédible en terme de témoignage, et plus enclin à vous éviter le doute, à moins qu’il ne s’agisse d’une transaction immédiate que vous accomplissiez entre vous. Dans ce cas, aucun péché ne pèse sur vous si vous ne l’écrivez pas. Et prenez des témoins lorsque vous faites du commerce ; Et aucun tort ne devrait être causé à aucun scribe, ni aucun témoin, et si c’est le cas, il s’agit alors d’un péché à votre détriment. Craignez Dieu ! Dieu vous enseigne, et Dieu est conscient de toutes choses.
Un scribe impartial doit écrire la dette, cette dernière doit être dictée par l’emprunteur en face de deux témoins masculins ou, à défaut, un homme et deux femmes. Le coran est pleinement détaillé et prend même en compte le cas d’une personne déficiente mentalement ou en état de faiblesse (momentanée ou durable) : C’est son tuteur qui est alors chargé de dicter.
6. Législation nécessaire pour les prêts à court terme
Le coran établit donc en 3:130 la limite au delà de laquelle tout prêt devient usurier, qu’il s’agisse d’un taux ou d’une somme fixe, mais cela ne veut pas dire pour autant que faire payer jusqu’au double d’une somme empruntée à court terme (par exemple sur une semaine ou un mois) devrait être autorisé, car cela correspondrait de toute évidence à des taux très abusifs. Dans ce cas, c’est à chaque société musulmane d’établir une réglementation appropriée et honnête qui interdira des taux abusifs à court terme compte tenu des conditions économiques spécifiques à chaque société et de chaque prêt accordé (taux d’inflation, risque encouru par le préteur, pointage ou cote de crédit de l’emprunteur, …). Le coran ne fait qu’établir le garde fou principal en garantissant qu’une somme ne peut en aucun cas plus que doubler, quelle que soit le terme de l’emprunt.
7. Maitrise du taux d’inflation
Le fait qu’un taux d’intérêt ne peut en aucune façon être plus du double de la somme empruntée est une incitation très forte à ce que les sociétés musulmanes soient stables économiquement et connaissent un taux d’inflation très faible. En effet, prêter de l’argent dans de telles conditions dans un climat de forte inflation pourrait facilement revenir à perdre de l’argent, et le verset 3:130 n’autorise pas à tenir compte d’un taux d’inflation. Si l’inflation est trop forte, cela signifierait qu’aucun prêt ne pourrait être émis (hormis à titre plus ou moins gratuit), ce qui pourrait endiguer le développement économique ; cela forcerait donc les autorités à prendre les mesures nécessaires pour rétablir un climat économique sain. Nous voyons donc ici que l’interdiction de l’usure et le fait que des prêts raisonnables soient permis en islam est un facteur de stabilité et de développement économique durable.
8. Solutionner le problème endémique des dettes nationales
Avec un tel système dérivé du coran, la dette nationale d’un pays ne peut donc s’accumuler de façon indéfinie et atteindra difficilement des niveaux catastrophiques, même en cas de défaut de paiement. Si un pays ne peut plus rembourser sa dette, cela représente le risque connu d’avance lié au fait de prêter de l’argent et la dette sera gelée dès que la somme empruntée aura doublé. On ne peut pas toujours gagner ; prêter constitue un risque, et lorsque l’on gagne de l’argent passivement en prêtant une somme, on ne peut gagner plus que 100% de cette somme en islam car sinon cela devient de l’usure, un péché catastrophique qui mène à l’enfer.
D’autre part, une personne, société ou pays qui n’a pas réglé ses dettes ou est en défaut de paiement devrait à mon sens être interdite d’emprunter plus, car cela signifie qu’il ou elle vie au dessus de ses moyens au détriment d’autrui, ce qui est une forme de vol, et doit donc impérativement assainir sa situation financière et rembourser ses dettes plutôt qu’aggraver la situation. Si un pays ne peut plus régler ses dettes, il doit limiter ses dépenses, réduire ses budgets, licencier des fonctionnaires, militaires, (plutôt que d’augmenter les impôts car ce n’est jamais une bonne solution à long terme car cela étouffe les sociétés, comme nous le voyons en Europe aujourd’hui) et surtout refuser tout prêt qui pourrait plus que doubler, car c’est illégal en islam, et la définition même de l’usure.
Si un pays veut pouvoir continuer à emprunter pour financer son développement, il sait que faillir à rembourser ses dettes va détruire sa réputation sur le marché international, et que cela l’empêchera de faire de nouveaux emprunts à l’avenir dans des conditions financières avantageuses. Il est donc très motivé pour honorer ses dettes, en plus du fait qu’il s’agit d’une obligation en islam pour un ou des croyants de régler leurs dettes.
La dette nationale des Etats Unis, de la France, de la plupart des pays européens (notamment), ainsi que de nombreux autres pays est en train de détruire l’économie mondiale car aucune limite légale relative à ces dettes n’a été mise en place. Cela représente une menace pour la paix, car le non paiement de sommes colossales soumises à des intérêts composés peut mener à la guerre mondiale et à la fin du monde. Mettre en place un système où les dettes sont gelées quand elles ont doublé, avec par exemple interdiction pour un pays d’emprunter au delà d’un certain pourcentage des revenus publics ou quand les dettes ne sont pas payées résoudrait le problème.
Conclusion
Le prêt à taux d’intérêt n’est pas formellement interdit en islam, et revient strictement au même que de faire payer une somme déterminée lorsqu’un prêt est convenu sur une période donnée. Conformément à 3:130, la définition coranique de l’usure est un prêt dont la somme totale à rembourser excéderait le double de la somme empruntée. Un tel pêché est si grave qu’il mène en enfer (4:161). De plus, emprunter dans des conditions d’usure est très fortement découragé pour un musulman (30:39).Dieu est parfaitement conscient qu’emprunter de façon mesurée et saine est parfois nécessaire et peut favoriser le développement économique et bien être du genre humain. Le coran a donc établi une limite simple à ne jamais dépasser (le double de la somme empruntée). Nous avons vu qu’en dépit de ce garde fou majeur, il est quand même possible de commettre des abus sur des prêts à court terme. C’est donc à la société musulmane de s’inspirer de l’esprit du coran pour établir des règles qui découragent l’avarice et la malhonnêteté.
Le coran veut le bien être financier et le bonheur des croyants et êtres humains en général, de même que permettre aux croyants de s’acquitter d’une zakât la plus importante possible pour éradiquer la pauvreté dans le monde : Cela implique par définition une société où les gens économisent plutôt qu’ils ne s’endettent. D’ailleurs, dégager un surplus en vue du paiement de la zakât est une obligation pour tout musulman ou foyer (7:199, voir article sur la zakât pour plus de détails). Des taux d’intérêts ou prêts abusifs ne font qu’accroître la pauvreté dans une société et limite la capacité à épargner. Ils enrichissent de façon illicite une minorité de sangsues, et augmentent l’écart entre les riches et les pauvres. L’islam basé sur le coran est l’exact opposé, et consiste à établir la paix, la justice, et la prospérité dans le monde.
Ceci dit, la meilleure chose à faire est bien sûr de vivre selon ses moyens plutôt que d’emprunter, et c’est valable aussi bien pour un individu que pour une institution ou un pays.