Le sacrifice d’Abraham

Que Dieu me pardonne et me guide pour tout ce que j’aurais pu mal interpréter dans cette étude et ailleurs. Qu’Il puisse nous guider vers une meilleure compréhension de Sa révélation afin que nous puissions nous purifier et accroître notre savoir. 

Abraham est le fondateur de la religion musulmane telle que nous la connaissons aujourd’hui. Il est celui à qui ses rites furent révélés (16:123, 21:73, 22:27) et celui qui nous a appelé « musulmans » (22:78). Le rituel du sacrifice lors du hajj (2:196) trouve son origine dans la tentative d’Abraham de sacrifier son fils unique (37:103) suite à un rêve prémonitoire, et symbolise la confiance et soumission absolue d’Abraham et de son fils envers Dieu, ainsi que la miséricorde infinie de notre Seigneur (37:104-105). De même, le but de chaque être humain éclairé est de se soumettre à Dieu en ayant foi en Lui et en pratiquant le bien dans l’espoir de bénéficier de Sa miséricorde. Le but de cette étude est, s’il plaît à Dieu, d’interpréter correctement le sacrifice d’Abraham tant d’un point de vue Coranique que Biblique.

Ismaël ou Isaac ? Nous nous pencherons sur le désaccord qui oppose les gens du livre (juifs et chrétiens) aux musulmans au sujet de l’identité du « fils unique » (Genèse 22:2) qu’Abraham s’apprêtait à sacrifier avant que Dieu n’ordonne à un ange d’intervenir. Les juifs et les chrétiens prétendent qu’il s’agissait d’Isaac, alors qu’une immense majorité de musulmans affirment qu’il s’agissait d’Ismaël. Ce sujet est tellement conflictuel qu’il oppose parfois même les musulmans dont plusieurs exégètes sunnites de renom (Ibn Qutaybah and Al Tabari) ont penché en faveur d’Isaac.

La première partie de cette étude sera consacrée à comparer le récit du sacrifice d’Isaac dans le livre de la Genèse avec le Coran pour établir le contexte des Saintes Écritures. Les gens du livre prétendent qu’Ismaël était un enfant illégitime pour tenter de justifier qu’il était légitime d’appeler Issac « le premier né d’Abraham » lors du sacrifice: Nous prouverons grâce au livre de la Genèse qu’il s’agit d’une imposture. Genèse 16:12 prédit qu’Ismaël était destiné à être tel « un âne sauvage » qui serait violent envers ses semblables (Genèse 16:12). Nous établirons tant d’un point de vue Biblique que Coranique qu’il s’agit d’une altération évidente de la Torah par jalousie envers Ismaël. Nous démontrerons ensuite grâce à une analyse précise que le Coran établit de façon certaine qu’Abraham a bien tenté de sacrifier Ismaël, son premier né et enfant unique à ce moment-là, et non Isaac. L’idée que Dieu pourrait ordonner un sacrifice humain est choquante et en antithèse complète avec le message de paix et d’amour des Saintes Écritures. Contrairement à l’interprétation traditionnelle, des musulmans réformistes comme Rashad Khalifa ont soutenu que Dieu n’a jamais ordonné à Abraham de sacrifier son fils et que son rêve était d’origine satanique. Nous démontrerons que c’est rigoureusement faux et expliquerons la signification profonde du sacrifice d’Abraham de même que sa relation avec le hajj.

Table des matières :

1. Sacrifice d’Abraham : Parallèle entre la Genèse et le Coran

2. Ismaël était-il un enfant illégitime ?

3. Qui est le fils « unique » qu’Abraham voulait sacrifier ?

4. Ismaël était-il tel un âne sauvage ?

5. Le sacrifice d’Abraham dans le coran

5.1 Commentaire des verses 37:101-37:105

5.2 Confirmation mathématique que les sept mots « rouyâ » réfèrent à un « rêve prophétique », c’est-à-dire inspiré par Dieu

5.3 Dieu n’a jamais ordonné de sacrifice humain: Sens profond du sacrifice d’Abraham

5.4 Chronologie du sacrifice

Conclusion

Addendum : Pourquoi le Coran (11:71) annonce-t-il à Abraham à la fois la venue d’Isaac et de Jacob ?

1. Sacrifice d’Abraham : Parallèle entre la Genèse et le Coran

Cette première partie est destinée à nous familiariser avec le récit du sacrifice d’Abraham dans le livre de la Genèse et le Coran, ce qui nous permettra de découvrir à quel point la Bible et le Coran concordent à beaucoup de niveaux, mais qu’il y a également de profondes différences. Cette lecture nous permettra surtout de rassembler les éléments clefs pour résoudre le problème de l’identité de l’enfant qu’Abraham voulait sacrifier.

Nous utilisons ci-après systématiquement la traduction Louis Segond Révisée 1910, hormis en Genèse 16:14 qui est la traduction de la Bible du semeur 1992 car le verset est volontairement mal traduit en Louis Segond Révisée 1910 comme nous l’expliquerons.

Genèse 16 :

Saraï, femme d’Abram, ne lui avait point donné d’enfants. Elle avait une servante Égyptienne, nommée Agar. 2 Et Saraï dit à Abram : Voici, l’Éternel m’a rendue stérile ; viens, je te prie, vers ma servante ; peut-être aurai-je par elle des enfants. Abram écouta la voix de Saraï. Alors Saraï, femme d’Abram, prit Agar, l’Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à Abram, son mari, après qu’Abram eut habité dix années dans le pays de Canaan. 4 Il s’unit à Agar et elle devint enceinte. Quand elle se vit enceinte, elle regarda sa maîtresse avec mépris. 5 Et Saraï dit à Abram : L’outrage qui m’est fait retombe sur toi. J’ai mis ma servante dans ton sein ; et, quand elle a vu qu’elle était enceinte, elle m’a regardée avec mépris. Que l’Éternel soit juge entre moi et toi ! 6 Abram répondit à Saraï : Voici, ta servante est en ton pouvoir, agis à son égard comme tu le trouveras bon. Alors Saraï la maltraita ; et Agar s’enfuit loin d’elle. 7 L’ange de l’Éternel la trouva près d’une source d’eau dans le désert, près de la source qui est sur le chemin de Schur. 8 Il dit : Agar, servante de Saraï, d’où viens-tu, et où vas-tu ? Elle répondit : Je fuis loin de Saraï, ma maîtresse. 9 L’ange de l’Éternel lui dit : Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main. 10 L’ange de l’Éternel lui dit : Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu’on ne pourra la compter. 11 L’ange de l’Éternel lui dit : Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d’Ismaël ; car l’Éternel t’a entendue dans ton affliction. 12 Il sera comme un âne sauvage ; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; et il habitera en face de tous ses frères. 13 Elle appela Atta El roï le nom de l’Éternel qui lui avait parlé ; car elle dit : Ai-je rien vu ici, après qu’il m’a vue ? 14 C’est pourquoi l’on a appelé ce puits le puits de Lachaï roï; il est entre Kadès et Bared.

Remarque : Kadès est identifié par des historiens juifs (Vélikovsky, Ibn Ezra) et musulmans comme correspondant à La Mecque, ce qui situe cet épisode dans la région du Hedjaz. Nous y reviendrons plus tard.  

15 Agar enfanta un fils à Abram ; et Abram donna le nom d’Ismaël au fils qu’Agar lui enfanta. 16 Abram était âgé de quatre-vingt-six ans lorsqu’Agar enfanta Ismaël à Abram.

Genèse 17

Quand Abram eut quatre-vingt-dix-neuf ans, l’Éternel lui apparut et lui dit : – Je suis le Dieu tout-puissant. Conduis ta vie sous mon regard et comporte-toi de manière irréprochable ! 2 Je conclurai une alliance avec toi et je multiplierai ta descendance à l’extrême. 3 Abram se prosterna, la face contre terre, et Dieu continua de lui parler en disant : – Voici quelle est mon alliance avec toi : Tu deviendras l’ancêtre d’une multitude de peuples. 5 Désormais ton nom ne sera plus Abram (Père éminent), mais Abraham (Père d’une multitude), car je ferai de toi le père d’une multitude de peuples. 6 Je multiplierai à l’extrême le nombre de tes descendants et je te donnerai d’être à l’origine de diverses nations ; des rois même seront issus de toi. 7 Je maintiendrai éternellement mon alliance avec toi, puis avec ta descendance après toi, de génération en génération. En vertu de cette alliance, je serai ton Dieu et celui de ta descendance après toi. 8 Je te donnerai, ainsi qu’à ta descendance, ce pays de Canaan où tu vis maintenant en étranger et en nomade. Il sera votre propriété pour l’éternité. Et je serai le Dieu de ta descendance. 9 Puis Dieu ajouta : De ton côté, tu observeras les clauses de mon alliance, toi et ta descendance, de génération en génération. 10 Voici quelle est mon alliance avec vous et avec ta descendance, quels en sont les termes que vous devrez respecter : Tous ceux qui sont de sexe masculin parmi vous seront circoncis. 11 Vous porterez cette marque dans votre chair, et cela sera le signe de l’alliance entre moi et vous. 12 De génération en génération, tout garçon devra être circoncis à l’âge de huit jours. Cela s’applique aussi à tout garçon né dans ta maison, et aux étrangers qui auront été achetés comme esclaves, et qui ne sont pas de ta descendance. 13 Tous sans exception seront circoncis, qu’ils soient nés dans ta maison ou acquis à prix d’argent ; ainsi le signe de mon alliance sera gravé dans votre chair. C’est là une alliance à perpétuité. 14 Celui qui n’aura pas été circoncis sera retranché de son peuple parce qu’il n’aura pas respecté les clauses de mon alliance. 15 Dieu dit encore à Abraham : – Pour ce qui concerne ta femme Saraï, tu ne l’appelleras plus Saraï (Ma princesse), désormais son nom est Sara (Princesse). 16 Je la bénirai et je t’accorderai par elle un fils ; je la bénirai et elle deviendra la mère de plusieurs nations ; des rois de plusieurs peuples sortiront d’elle. 17 Alors Abraham se prosterna de nouveau la face contre terre, et il se mit à rire en se disant intérieurement : – Eh quoi ! un homme centenaire peut-il encore avoir un enfant ? Et Sara, une femme de quatre-vingt-dix ans, peut-elle donner naissance à un enfant ? 18 Et il dit à Dieu : Tout ce que je demande c’est qu’Ismaël vive et que tu prennes soin de lui. 19 Dieu reprit : – Mais non ! c’est Sara, ta femme, qui te donnera un filsTu l’appelleras Isaac (Il a ri) et j’établirai mon alliance avec lui, pour l’éternité, et avec sa descendance après lui. 20 En ce qui concerne Ismaël, j’ai aussi entendu ta prière en sa faveur. Oui, je le bénirai. Je lui donnerai aussi de très nombreux descendants : je le multiplierai à l’extrême. Douze princes seront issus de lui et je ferai de lui l’ancêtre d’une grande nation. 21 Mais j’établirai mon alliance avec Isaac, le fils que Sara te donnera l’année prochaine à cette époque. 22 Après avoir achevé de parler avec Abraham, Dieu s’éleva au-dessus de lui. 23 Ce même jour, Abraham circoncit Ismaël son fils, ainsi que tous les gens nés dans sa maison et tous les esclaves qu’il avait achetés. Tous les gens de sexe masculin qui appartenaient à la maison d’Abraham furent circoncis comme Dieu le lui avait ordonné. 24 Abraham avait quatre-vingt-dix-neuf ans quand il fut circoncis et 25 Ismaël son fils en avait treize. 26 Abraham et son fils Ismaël furent circoncis le même jour, 27 en même temps que tous les hommes de sa maison nés chez lui et les étrangers acquis à prix d’argent.

Genèse 18 :

1 L’Éternel lui apparut parmi les chênes de Mamré, comme il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. 2 Il leva les yeux, et regarda : et voici, trois hommes étaient debout près de lui. Quand il les vit, il courut au-devant d’eux, depuis l’entrée de sa tente, et se prosterna en terre. 3 Et il dit : Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, loin de ton serviteur. 4 Permettez qu’on apporte un peu d’eau, pour vous laver les pieds ; et reposez-vous sous cet arbre. 5 J’irai prendre un morceau de pain, pour fortifier votre cœur ; après quoi, vous continuerez votre route ; car c’est pour cela que vous passez près de votre serviteur. Ils répondirent : Fais comme tu l’as dit. 6 Abraham alla promptement dans sa tente vers Sara, et il dit : Vite, trois mesures de fleur de farine, pétris, et fais des gâteaux. 7 Et Abraham courut à son troupeau, prit un veau tendre et bon, et le donna à un serviteur, qui se hâta de l’apprêter.

Coran 11:69 : Quand nos messagers vinrent à Abraham avec de bonnes nouvelles, Ils dirent « Paix ». Il répondit « Paix ! ». Et il ne tarda point à apporter un veau rôti.

Point commun : Abraham a bien préparé un veau pour ses visiteurs.

8 Il prit encore de la crème et du lait, avec le veau qu’on avait apprêté, et il les mit devant eux. Il se tint lui-même à leurs côtés, sous l’arbre. Et ils mangèrent.

Coran 11:70 : Mais quand il vit que leurs mains ne l’approchaient pas (c’est-à-dire, le veau roti), il fut pris de suspicion et éprouva de la crainte à leur égard. Ils dirent : « N’ai crainte ! En vérité, nous avons été envoyés vers le peuple de Lot. » (voir également 56:26-28)

Dans le Coran, les anges qui avaient pris une forme humaine (comme dans la bible) ne mangent pas, et ne peuvent manger, car ils sont fondamentalement différents de nous. La bible est globalement très proche du Coran, mais diffère occasionnellement du Coran sur des détails spécifiques.

9 Alors ils lui dirent : Où est Sara, ta femme ? Il répondit : Elle est là, dans la tente. 10 L’un d’entre eux dit : Je reviendrai vers toi à cette même époque ; et voici, Sara, ta femme, aura un fils. Sara écoutait à l’entrée de la tente, qui était derrière lui. 11 Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge : et Sara ne pouvait plus espérer avoir des enfants.

Coran 14:39 Louange à Dieu, Celui qui m’a accordé dans un âge avancé Ismaël et Isaac. En vérité, mon Seigneur entend les prières.

Ce détail est commun à la Bible et au Coran.

12 Elle rit en elle-même, en disant : Maintenant que je suis vieille, aurais-je encore des désirs ? Mon seigneur aussi est vieux. 13 L’Éternel dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri, en disant : Est-ce que vraiment j’aurais un enfant, moi qui suis vieille ? 14 Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l’Éternel ? Au temps fixé je reviendrai vers toi, à cette même époque ; et Sara aura un fils. 15 Sara mentit, en disant : Je n’ai pas ri. Car elle eut peur. Mais il dit : Au contraire, tu as ri.

Coran 11:71 : Et sa femme se tenait debout et rit quand nous lui (Sarah) annonçâmes la bonne nouvelle quant à Isaac, et par suite d’Isaac, [de celle] de Jacob(11:72) Elle dit : « Malheur à moi ! Vais-je enfanter alors que je suis une vieille femme et que mon mari que voici est un vieil homme ? En vérité, voici vraiment une chose incroyable ! ».

La fait que Sara ait ri est commun à la Bible et au Coran et présenté comme une mauvaise réaction dans les deux cas.

Contrairement à la Bible où Dieu révèle la venue d’Isaac à Abraham avant la visite des anges (Genèse 17:19), lesquels annoncent à leur tour sa naissance dans un délai d’un an sans le mentionner nommément (Genèse 18:10), le Coran diffère car les anges annoncent d’abord à Sarah la venue d’Isaac, laquelle sera suivie plus tard de celle de Jacob (11:71) alors qu’Abraham reçoit la nouvelle séparément dans un deuxième temps (11:74 ci-dessous). Il est bien clair dans les deux cas que ni l’un ni l’autre n’avaient la moindre idée de ces naissances futures.   

Coran 11:73 : Ils dirent, « T’étonnes-tu du décret de Dieu ?! Que la miséricorde d’Allah et Ses bénédictions soient sur vous, Ô peuple du sanctuaire (أَهْلَ ٱلْبَيْتِ = ahla ‘lbayti = littéralement : « peuple de la maison », c’est à dire qui habitent près de la Ka’bah). En vérité, Il est Digne de Louange et Tout Glorieux ! ». (11:74) Quand la frayeur d’Abraham s’apaisa et qu’il fut au courant de l’annonce (c’est dire de la venue d’Isaac et plus tard de celle de Jacob), il se querella avec Nous au sujet du peuple de Lot.

16 Ces hommes se levèrent pour partir, et ils regardèrent du côté de Sodome. Abraham alla avec eux, pour les accompagner.

Remarque : Il y a possiblement une différence quant au lieu où la visite des anges s’est produite. Dans la Bible il semble qu’Abraham était proche de Sodome (située sur les rives de la mer morte) car il est écrit « Ces hommes se levèrent pour partir, et ils regardèrent du côté de Sodome », alors que dans le Coran les anges s’exclament : « Que la miséricorde d’Allah et Ses bénédictions soient sur vous, Ô peuple du sanctuaire » (littéralement « gens de la maison »), ce qui réfère indiscutablement à « la maison sacrée » de la Ka’bah. Il est également possible qu’Abraham et sa famille, lesquels étaient des nomades ayant de larges troupeaux, étaient en voyage et que le titre de « Ô peuple du sanctuaire » réfère à leur lieu de résidence principal. La Mecque est située à environ 30 jours de caravane de Sodome.

17 Alors l’Éternel dit : Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ?… 18 Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. 19 Car je l’ai choisi, afin qu’il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, en pratiquant la droiture et la justice, et qu’ainsi l’Éternel accomplisse en faveur d’Abraham les promesses qu’il lui a faites… 20 Et l’Éternel dit : Le cri contre Sodome et Gomorrhe s’est accru, et leur péché est énorme. 21 C’est pourquoi je vais descendre, et je verrai s’ils ont agi entièrement selon le bruit venu jusqu’à moi ; et si cela n’est pas, je le saurai. 22 Les hommes s’éloignèrent, et allèrent vers Sodome. Mais Abraham se tint encore en présence de l’Éternel. 23 Abraham s’approcha, et dit : Feras-tu aussi périr le juste avec le méchant ? 24 Peut-être y a-t-il cinquante justes au milieu de la ville : les feras-tu périr aussi, et ne pardonneras-tu pas à la ville à cause des cinquante justes qui sont au milieu d’elle ? 25 Faire mourir le juste avec le méchant, en sorte qu’il en soit du juste comme du méchant, loin de toi cette manière d’agir ! Loin de toi ! Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? 26 Et l’Éternel dit : Si je trouve dans Sodome cinquante justes au milieu de la ville, je pardonnerai à toute la ville, à cause d’eux.

27 Abraham reprit, et dit : Voici, j’ai osé parler au Seigneur, moi qui ne suis que poudre et cendre.

28 Peut-être des cinquante justes en manquera-t-il cinq : pour cinq, détruiras-tu toute la ville ? Et l’Éternel dit : Je ne la détruirai point, si j’y trouve quarante-cinq justes. 29 Abraham continua de lui parler, et dit : Peut-être s’y trouvera-t-il quarante justes. Et l’Éternel dit : Je ne ferai rien, à cause de ces quarante. 30 Abraham dit : Que le Seigneur ne s’irrite point, et je parlerai. Peut-être s’y trouvera-t-il trente justes. Et l’Éternel dit : Je ne ferai rien, si j’y trouve trente justes. 31 Abraham dit : Voici, j’ai osé parler au Seigneur. Peut-être s’y trouvera-t-il vingt justes. Et l’Éternel dit : Je ne la détruirai point, à cause de ces vingt. 32 Abraham dit : Que le Seigneur ne s’irrite point, et je ne parlerai plus que cette fois. Peut-être s’y trouvera-t-il dix justes. Et l’Éternel dit : Je ne la détruirai point, à cause de ces dix justes. 33 L’Éternel s’en alla lorsqu’il eut achevé de parler à Abraham. Et Abraham retourna dans sa demeure.

Coran 11:74 : Quand la frayeur d’Abraham s’apaisa et qu’il fut au courant de l’annonce, il se querella avec Nous au sujet du peuple de Lot(11:75) En vérité, Abraham était assurément magnanime, tendre de cœur et enclin au repentir. (11:76) Ô Abraham ! Renonce à cela ! En vérité, le décret de ton Seigneur a été prononcé et un châtiment irréversible va s’abattre sur eux.

Remarque : Il y a querelle dans les deux cas étant donné qu’Abraham cherche à défendre le peuple de Sodome et Gomorrhe, mais il se dispute avec les anges avant qu’ils ne partent dans le Coran, ces derniers l’informant que la décision de Dieu est irrévocable, alors que dans la Genèse il est directement en désaccord avec Dieu ce qui, d’un point de vue coranique, serait un immense péché passible d’un châtiment terrible (15:32-33). Il est donc clair qu’il y a érosion des faits exacts dans la Genèse, en dehors même de l’altération volontaire du texte que nous aborderons plus tard.

Genèse 19 relate la destruction de Sodome et Gomorrhe, que nous éviterons par soucis de concision.

Genèse 20 :

1 Abraham partit de là pour la contrée du midi ; il s’établit entre Kadès et Schur, et fit un séjour à Guérar.

Tel que mentionné plus tôt, Kadès réfère à Kadesh Barnéa, à savoir La Mecque. C’est par exemple l’opinion de l’historien juif controversé Immanuel Vélikovsky qui a fameusement déclaré « Je l’identifie (Kadesh Barnéa) avec La Mecque ».  

2 Abraham disait de Sara, sa femme : C’est ma sœur. Abimélec, roi de Guérar, fit enlever Sara. 3 Alors Dieu apparut en songe à Abimélec pendant la nuit, et lui dit : Voici, tu vas mourir à cause de la femme que tu as enlevée, car elle a un mari. 4 Abimélec, qui ne s’était point approché d’elle, répondit : Seigneur, ferais-tu périr même une nation juste ? 5 Ne m’a-t-il pas dit : C’est ma sœur ? Et elle-même n’a-t-elle pas dit : C’est mon frère ? J’ai agi avec un cœur pur et avec des mains innocentes. 6 Dieu lui dit en songe : Je sais que tu as agi avec un cœur pur ; aussi t’ai-je empêché de pécher contre moi. C’est pourquoi je n’ai pas permis que tu la touchasse. 7 Maintenant, rends la femme de cet homme ; car il est prophète, il priera pour toi, et tu vivras. Mais, si tu ne la rends pas, sache que tu mourras, toi et tout ce qui t’appartient. 8 Abimélec se leva de bon matin, il appela tous ses serviteurs, et leur rapporta toutes ces choses ; et ces gens furent saisis d’une grande frayeur. 9 Abimélec appela aussi Abraham, et lui dit : Qu’est-ce que tu nous as fait ? Et en quoi t’ai-je offensé, que tu aies fait venir sur moi et sur mon royaume un si grand péché ? Tu as commis à mon égard des actes qui ne doivent pas se commettre. 10 Et Abimélec dit à Abraham : Quelle intention avais-tu pour agir de la sorte ? 11 Abraham répondit : Je me disais qu’il n’y avait sans doute aucune crainte de Dieu dans ce pays, et que l’on me tuerait à cause de ma femme. 12 De plus, il est vrai qu’elle est ma sœur, fille de mon père ; seulement, elle n’est pas fille de ma mère ; et elle est devenue ma femme. 13 Lorsque Dieu me fit errer loin de la maison de mon père, je dis à Sara : Voici la grâce que tu me feras ; dans tous les lieux où nous irons, dis de moi : C’est mon frère. 14 Abimélec prit des brebis et des bœufs, des serviteurs et des servantes, et les donna à Abraham ; et il lui rendit Sara, sa femme. 15 Abimélec dit : Voici, mon pays est devant toi ; demeure où il te plaira. 16 Et il dit à Sara : Voici, je donne à ton frère mille pièces d’argent ; cela te sera un voile sur les yeux pour tous ceux qui sont avec toi, et auprès de tous tu seras justifiée. 17 Abraham pria Dieu, et Dieu guérit Abimélec, sa femme et ses servantes ; et elles purent enfanter.

18 Car l’Éternel avait frappé de stérilité toute la maison d’Abimélec, à cause de Sara, femme d’Abraham.

Genèse 21 :

1 L’Éternel se souvint de ce qu’il avait dit à Sara, et l’Éternel accomplit pour Sara ce qu’il avait promis. 2 Sara devint enceinte, et elle enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé. 3 Abraham donna le nom d’Isaac au fils qui lui était né, que Sara lui avait enfanté. 4 Abraham circoncit son fils Isaac, âgé de huit jours, comme Dieu le lui avait ordonné.

5 Abraham était âgé de cent ans, à la naissance d’Isaac, son fils. 6 Et Sara dit : Dieu m’a fait un sujet de rire ; quiconque l’apprendra rira de moi. 7 Elle ajouta : Qui aurait dit à Abraham : Sara allaitera des enfants ? Cependant je lui ai enfanté un fils dans sa vieillesse. 8 L’enfant grandit, et fut sevré ; et Abraham fit un grand festin le jour où Isaac fut sevré.

Remarque : Dans le Coran, l’âge du sevrage est de deux années lunaires (2:233, 46:15). Isaac aurait donc eu près de deux ans à ce moment-là.

9 Sara vit rire le fils qu’Agar, l’Égyptienne, avait enfanté à Abraham ; 10 et elle dit à Abraham : Chasse cette servante et son fils, car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac. 11 Cette parole déplut fort aux yeux d’Abraham, à cause de son fils. 12 Mais Dieu dit à Abraham : Que cela ne déplaise pas à tes yeux, à cause de l’enfant et de ta servante. Accorde à Sara tout ce qu’elle te demandera ; car c’est d’Isaac que sortira une postérité qui te sera propre. 13 Je ferai aussi une nation du fils de ta servante ; car il est ta postérité. 14 Abraham se leva de bon matin ; il prit du pain et une outre d’eau, qu’il donna à Agar et plaça sur son épaule ; il lui remit aussi l’enfant, et la renvoya. Elle s’en alla, et s’égara dans le désert de Beer Schéba. 15 Quand l’eau de l’outre fut épuisée, elle laissa l’enfant sous un des arbrisseaux, 16 et alla s’asseoir vis-à-vis, à une portée d’arc ; car elle disait : Que je ne voie pas mourir mon enfant ! Elle s’assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix et pleura. 17 Dieu entendit la voix de l’enfant ; et l’ange de Dieu appela du ciel Agar, et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l’enfant dans le lieu où il est. 18 Lève-toi, prends l’enfant, saisis-le de ta main ; car je ferai de lui une grande nation. 19 Et Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d’eau ; elle alla remplir d’eau l’outre, et donna à boire à l’enfant. 20 Dieu fut avec l’enfant, qui grandit, habita dans le désert, et devint tireur d’arc. 21 I l habita dans le désert de Paran, et sa mère lui prit une femme du pays d’Égypte.

Remarque : Le récit ci-dessus relate comment Agar fut sauvée lorsqu’un ange lui annonça qu’une grande nation serait issue d’Ismaël. Le puit de Beer Schéba est à mon sens le puit de zam-zam à La Mecque. C’est de cet évènement qu’est né le rituel du Saï entre les monticules d’Al Safa et Al Marwah lors du hajj ou de la ‘Oumrah (2:158), lesquels sont proches de la Ka’bah et du puit de Zam-Zam, lequel est situé à une vingtaine de mètres de la maison sacrée. Le désert de Paran où Ismaël a ensuite vécu est une grande région de la péninsule arabique qui borde la mer rouge et dont La Mecque fait partie. Le désert de Paran est considéré comme le désert du Hedjaz par les historiens musulmans et parfois même, comme indiqué précédemment, par des exégètes juifs comme Vélikovsky, Abraham Ibn Ezra et d’autres.

Le fait que le désert de Paran soit mentionné en Genèse 21:21 concorde avec 11:71 dans le Coran et la visite des anges à Abraham. Nous avons cité plus tôt 11:73 où ils appellent Sarah et sa famille « gens du sanctuaire » (littéralement « gens de la maison »,), c’est-à-dire du sanctuaire de La Ka’bah, la maison sacrée.

22 En ce temps-là, Abimélec, accompagné de Picol, chef de son armée, parla ainsi à Abraham : Dieu est avec toi dans tout ce que tu fais. 23 Jure-moi maintenant ici, par le nom de Dieu, que tu ne tromperas ni moi, ni mes enfants, ni mes petits-enfants, et que tu auras pour moi et le pays où tu séjournes la même bienveillance que j’ai eue pour toi. 24 Abraham dit : Je le jurerai. 25 Mais Abraham fit des reproches à Abimélec, au sujet d’un puits d’eau, dont s’étaient emparés de force les serviteurs d’Abimélec. 26 Abimélec répondit : J’ignore qui a fait cette chose-là ; tu ne m’en as point informé, et moi, je ne l’apprends qu’aujourd’hui. 27 Et Abraham prit des brebis et des bœufs, qu’il donna à Abimélec ; et ils firent tous deux alliance. 28 Abraham mit à part sept jeunes brebis. 29 Et Abimélec dit à Abraham : Qu’est-ce que ces sept jeunes brebis, que tu as mises à part ? 30 Il répondit : Tu accepteras de ma main ces sept brebis, afin que cela me serve de témoignage que j’ai creusé ce puits. 31 C’est pourquoi on appelle ce lieu Beer Schéba ; car c’est là qu’ils jurèrent l’un et l’autre. 32 Ils firent donc alliance à Beer Schéba. Après quoi, Abimélec se leva, avec Picol, chef de son armée ; et ils retournèrent au pays des Philistins. 33 Abraham planta des tamariscs à Beer Schéba ; et là il invoqua le nom de l’Éternel, Dieu de l’éternité. 34 Abraham séjourna longtemps dans le pays des Philistins.

Genèse 22 :

Après ces événementsDieu mit Abraham à l’épreuve. Il l’appela : Abraham ! Et celui-ci répondit : Me voici. 2 – Prends Isaacton fils unique, que tu aimes, lui dit Dieu, et va au pays de Moriya. Là, tu me l’offriras en sacrifice sur l’une des collines, celle que je t’indiquerai.

Remarque : La contradiction la plus flagrante qui démontre que la Torah a été ici sciemment altérée est qu’Ismaël est né quatorze années avant Isaac. Il est physiquement impossible qu’Isaac ait pu être « le fils unique » d’Abraham.

3 Le lendemain, Abraham se leva de grand matin, sella son âne et emmena deux de ses serviteurs ainsi que son fils Isaac ; il fendit du bois pour l’holocauste, puis il se mit en route en direction de l’endroit que Dieu lui avait indiqué. 4 Après trois jours de marche, Abraham, levant les yeux, aperçut le lieu dans le lointain. 5 Alors il dit à ses serviteurs : Restez ici avec l’âne ; le garçon et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer Dieu, puis nous reviendrons vers vous.

Remarque : Des rabbins interprètent le fait qu’Abraham ait dit « nous reviendrons vers vous » comme indiquant qu’Abraham n’a jamais eu l’intention de sacrifier son fils unique, ce qui contredit Genèse 21:1 et le Coran en 37:106 où il est très clair qu’il s’agissait au contraire d’une « épreuve manifeste ».

6 Abraham chargea le bois de l’holocauste sur son fils Isaac ; il prit lui-même des braises pour le feu et le couteau, puis tous deux s’en allèrent ensemble. 7 Isaac s’adressa à son père Abraham et lui dit : Mon père ! Abraham dit : Qu’y a-t-il, mon fils ? – Voici le feu et le bois, dit-il, mais où est l’agneau pour l’holocauste ? 8 Abraham répondit : Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l’agneau pour l’holocauste. Et ils poursuivirent leur chemin tous deux ensemble.

Le Coran révèle qu’Ismaël avait accepté d’être sacrifié (37:102 cité plus bas). Il n’avait donc eu aucune raison de demander « où est l’agneau pour l’holocauste ? » car il savait exactement à quoi s’attendre. Il y a donc à nouveau déperdition de l’histoire exacte en plus du fait que le texte ait été sciemment altéré par la suite. Dans le Coran, le sacrifice d’Abraham témoigne de la soumission absolue d’Abraham et d’Ismaël, contrairement au récit biblique où c’est Abraham qui est soumis à l’épreuve alors qu’Isaac ignore complètement l’intention de son père.

9 Quand ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham construisit un autel et y disposa les bûches. Puis il ligota son fils Isaac et le mit sur l’autel par-dessus le bois. 10 Alors Abraham prit en main le couteau pour immoler son fils. 11 A ce moment-là, l’ange de l’Eternel lui cria du haut du ciel : Abraham ! Abraham ! – Me voici, répondit-il. 12 L’ange reprit : Ne porte pas la main sur le garçon, ne lui fais pas de mal, car maintenant je sais que tu crains Dieu puisque tu ne m’as pas refusé ton fils unique. 13 Alors Abraham aperçut un bélier qui s’était pris les cornes dans un buisson. Il s’en saisit et l’offrit en holocauste à la place de son fils. 14 Abraham appela ce lieu-là : Adonaï-Yireéh (le Seigneur pourvoira). C’est pourquoi on dit aujourd’hui : Sur la montagne du Seigneur, il sera pourvu. 15 Puis l’ange de l’Eternel appela une seconde fois Abraham du haut du ciel 16 et lui dit : Je le jure par moi-même, parole de l’Eternel, puisque tu as fait cela, puisque tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, 17 je te comblerai de bénédictions, je multiplierai ta descendance et je la rendrai aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de la mer.

Quelle est la descendance la plus à même d’être « aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de la mer » ? Celle d’Isaac (le peuple juif), ou celle d’Ismaël (le peuple arabe), fils unique d’Abraham au moment de la tentative de sacrifice comme la Torah elle-même l’atteste?

Ta descendance dominera sur ses ennemis. 18 Tous les peuples de la terre seront bénis à travers ta descendance parce que tu m’as obéi. 19 Abraham revint vers ses serviteurs et ils se remirent ensemble en route pour rentrer à Beer-Sheva où Abraham continua d’habiter.

Coran 37:101 : Alors nous lui annoncèrent la bonne nouvelle d’un enfant magnanime. (37:102) Ensuite, quand il atteint [l’âge] de travailler avec lui il dit : « Ô mon fils, en vérité j’ai vu pendant [mon] sommeil que je te sacrifie, alors considère comment tu envisages [la chose]. Il dit : « Ô mon père ! Fais ce qui t’es commandé ; tu me trouveras, s’il plaît à Dieu, du nombre des patients. (37:103) Alors, quand ils se furent tous deux soumis, et qu’il le plaça sur le front, (37:104) Nous l’appelâmes : « Ô Abraham !

Le fait que l’ange appelle Abraham témoigne de la justesse de ce détail dans la Torah (Genèse 22:11). Lorsque le Coran emploie le pluriel « Nous », cela dénote du fait que Dieu et ses alliés, notamment des forces angéliques, sont à l’œuvre.

(37:105) « Assurément, tu as accompli le rêve prophétique ». En vérité, c’est ainsi que nous récompensons les [gens] bienfaisants. (37:106) En vérité, il s’agissait là assurément d’une épreuve manifeste. (37:107) Et Nous le substituâmes par un sacrifice sublime.   

Comme indiqué plus haut, le Coran et la Bible s’accordent que le sacrifice D’Abraham est bien une « épreuve » (Genèse 22:1 : Après ces événements, Dieu mit Abraham à l’épreuve). En Genèse 22:13 nous lisons « Alors Abraham aperçut un bélier qui s’était pris les cornes dans un buisson. Il s’en saisit et l’offrit en holocauste à la place de son fils. » Cette version est très plausible et ne contredit en aucune façon le récit Coranique qui se contente de dire « Et Nous le substituâmes par un sacrifice sublime. ».

(37:108) Et nous perpétuâmes sa [mémoire] pour la postérité. (37:109) Que la paix soit sur Abraham ! (37:110) C’est ainsi que Nous récompensons les [gens] bienfaisants. (37:111) Il était en vérité du nombre de Nos serviteurs soumis. (37:112) Et Nous lui annoncèrent la bonne nouvelle au sujet d’Isaac, un prophète du milieu des véridiques. (37:113) Et nous le bénîmes (Ismaël), ainsi qu’Isaac et parmi leurs descendances respectives (duel) se distinguent nettement le juste de l’injuste eu égard à son âme.

Nous lisons ci-dessus que la naissance d’Isaac est annoncée par les anges qui rendent visite à Abraham. Cela indique donc que la visite des anges a eu lieu peu après l’épisode du sacrifice. Nous commenterons ceci plus en détail plus loin. Le Coran rectifie donc la chronologie des évènements que les falsificateurs ont altéré pour servir leur dessein funeste. La tentative de sacrifice était donc originellement située entre la circoncision de tous les mâles de la maison d’Abraham (Genèse 17) et la visite des anges (Genèse 18), et non après le sevrage d’Isaac.

2. Ismaël était-il un enfant illégitime ?

Les juifs et les chrétiens prétendent depuis des millénaires qu’Isaac était le premier né d’Abraham, alléguant qu’Ismaël était un enfant illégitime. Regardons donc la traduction Louis Segond révisée de 1910 de la Genèse 16:3-4:

(Genèse 16:3-4) Alors Saraï, femme d’Abram, prit Agar, l’Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à Abram, son mari, après qu’Abram eut habité dix années dans le pays de Canaan. Il alla vers Agar,  et elle devint enceinte. Quand elle se vit enceinte, elle regarda sa maîtresse avec mépris.

Le verset signifie littéralement qu’Abraham s’est légalement « marié à Agar ». Vis-à-vis d’Abraham, Agar n’était pas une esclave ou une même une servante après ce mariage légal devant Dieu, mais son épouse.

Comment peut-on se marier à une femme, même esclave, et qu’un enfant soit illégitime ? D’autre part, aucun enfant sur terre n’est illégitime : Le Coran proclame haut et clair que nous ne sommes jamais responsables des péchés d’autrui (35:18), Ce sont ceux qui emploient l’expression « enfant illégitime » dont les paroles sont illégitimes.

Le père et la mère de Moïse et Aaron étaient tous deux esclaves. Cela fait-il d’eux des enfants illégitimes, inférieurs ou moins légitimes qu’Ismaël dont le père n’était pas sous le joug de l’esclavage ?

3. Qui est le fils « unique » qu’Abraham voulait sacrifier ?

Dans le Coran, Abraham, Ismaël et Isaac sont mentionnés quatre fois de façon consécutive dans un même verset (2:136, 2:140, 3:84, 4:163) reflétant leur ordre de naissance, de même que seul Ismaël pouvait être « le fils unique » d’Abraham avant la naissance d’Isaac. Le Coran et le livre de la Genèse concordent quant au fait qu’Ismaël soit né avant Isaac.

Relisons maintenant le passage falsifié qui tente de dénier que seul Ismaël ait jamais pu être le « fils unique » d’Abraham:

Genèse 17 : 18 Et il dit à Dieu : Tout ce que je demande c’est qu’Ismaël vive et que tu prennes soin de lui. 19 Dieu reprit : – Mais non ! c’est Sara, ta femme, qui te donnera un filsTu l’appelleras Isaac (Il a ri) et j’établirai mon alliance avec lui, pour l’éternité, et avec sa descendance après lui. 20 En ce qui concerne Ismaël, j’ai aussi entendu ta prière en sa faveur. Oui, je le bénirai. Je lui donnerai aussi de très nombreux descendants : je le multiplierai à l’extrême. Douze princes seront issus de lui et je ferai de lui l’ancêtre d’une grande nation. 21 Mais j’établirai mon alliance avec Isaac, le fils que Sara te donnera l’année prochaine à cette époque.

En d’autres termes, les falsificateurs attribuent ni plus ni moins à Dieu le mensonge grotesque qu’Hagar n’ait pas vraiment donné de fils à Abraham : Ismaël ne compte pas ; c’est un enfant issu d’une esclave et il était donc illégitime. Et au diable le fait que Genèse 16:3 atteste en réalité qu’Abraham s’est bien marié à Hagar.

Allah condamne dans le Saint Coran les auteurs de ces falsifications qui ont sévèrement marqué les générations futures en les termes suivants :

وَإِنَّ مِنْهُمْ لَفَرِيقًا يَلْوُۥنَ أَلْسِنَتَهُم بِٱلْكِتَٰبِ لِتَحْسَبُوهُ مِنَ ٱلْكِتَٰبِ وَمَا هُوَ مِنَ ٱلْكِتَٰبِ

وَيَقُولُونَ هُوَ مِنْ عِندِ ٱللَّهِ وَمَا هُوَ مِنْ عِندِ ٱللَّهِ وَيَقُولُونَ عَلَى ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ وَهُمْ يَعْلَمُونَ

(3:78) Et en vérité, il y a un groupe parmi eux qui tordent leurs langues au sujet du livre, afin que vous croyiez que cela fasse partie du livre, mais cela ne fait point partie du livre ; et ils disent : « Cela provient de DIEU ! ». Mais cela ne provient pas de Dieu, et ils attribuent à Dieu le mensonge en pleine connaissance de cause.

Le mensonge pris en flagrant délit: Genèse 17:19 : DIEU reprit : – Mais non ! c’est Sara, ta femme, qui te donnera un fils. Tu l’appelleras Isaac (Il a ri) et j’établirai mon alliance avec lui, pour l’éternité, et avec sa descendance après lui.

Immédiatement après, le texte falsifié se contredit encore car il est écrit qu’Ismaël est également « béni » par Dieu et que sa descendance sera« multipliée à l’extrême » et qu’il sera fait « de lui l’ancêtre d’une grande nation ».

Le sacrifice du fils unique :

1 Après ces événements, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il l’appela : Abraham ! Et celui-ci répondit : Me voici. 2– Prends Isaacton fils unique, que tu aimes, lui dit Dieu, et va au pays de Moriya. Là, tu me l’offriras en sacrifice sur l’une des collines, celle que je t’indiquerai…

Isaac est mentionné cinq fois en Genèse 22, et l’enfant destiné au sacrifice est mentionné trois fois comme étant le fils unique d’Abraham (Genèse 22:2, 22:12, 22:16). Appeler Isaac le « fils unique » est une imposture et démasque ceux qui ont sciemment altéré la Torah en Genèse 22. Nous avons cité le verset 3:78 quant au fait que certaines personnes parmi le peuple d’Israël aient intentionnellement altéré certaines portions des Saintes Écritures et nous aurions pu tout aussi bien citer 2:75, 2:79, 5:13 ou 6:78.

Selon Genèse 21:5, « Abraham était âgé de cent ans à la naissance d’Isaac », alors que Genèse 16:16 indique qu’il « était âgé de quatre-vingt-six ans lorsqu’Agar enfanta Ismaël » (voir également Genèse 17:23). Ismaël avait donc moins de 14 ans lors de la tentative de sacrifice car la Torah certifie que l’enfant destiné au sacrifice était un « enfant unique ». 

La naissance d’Isaac est annoncée en Genèse 17:25. Ismaël était le premier né d’Abraham et le premier fils circoncis environ un an avant la naissance de son frère (Genèse 17:26). Ismaël est décédé à l’âge avancé de 137 ans (Genèse 25:17). Appeler Isaac le « fils unique » d’Abraham est une imposture caractérisée quel que soit l’angle sous lequel on appréhende la chose.

4. Ismaël était-il tel un âne sauvage ?

Non seulement des gens profondément égarés parmi les gens du livre ont remplacé le nom d’Ismaël par celui d’Isaac dans la Torah au sujet du sacrifice, ils ont également salît pendant des millénaires et jusqu’à nos jours la réputation d’Ismaël, un authentique messager et prophète selon la Parole de Dieu :

Genèse 16:9-12:

L’ange de l’Éternel lui dit : Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main. 10 L’ange de l’Éternel lui dit : Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu’on ne pourra la compter. 11 L’ange de l’Éternel lui dit : Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d’Ismaël ; car l’Éternel t’a entendue dans ton affliction. 12 Il (Ismaël) sera comme un âne sauvage ; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; et il habitera en face de tous ses frères.

Pour le plaisir, relisons 3:78 :

وَإِنَّ مِنْهُمْ لَفَرِيقًا يَلْوُۥنَ أَلْسِنَتَهُم بِٱلْكِتَٰبِ لِتَحْسَبُوهُ مِنَ ٱلْكِتَٰبِ وَمَا هُوَ مِنَ ٱلْكِتَٰبِ

وَيَقُولُونَ هُوَ مِنْ عِندِ ٱللَّهِ وَمَا هُوَ مِنْ عِندِ ٱللَّهِ وَيَقُولُونَ عَلَى ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ وَهُمْ يَعْلَمُونَ

(3:78) Et en vérité, il y a un groupe parmi eux qui tordent leurs langues au sujet du livre, afin que vous croyiez que cela fasse partie du livre, mais cela ne fait point partie du livre ; et ils disent : « Cela provient de Dieu ! ». Mais cela ne provient pas de Dieu, et ils attribuent à Dieu le mensonge en pleine connaissance de cause.

Le Coran rétabli la vérité au sujet d’Ismaël :

وَإِذْ جَعَلْنَا الْبَيْتَ مَثَابَةً لِّلنَّاسِ وَأَمْنًا وَاتَّخِذُوا مِن مَّقَامِ

إِبْرَهِيمَ مُصَلًّى وَعَهِدْنَا إِلَىٰ إِبْرَهِيمَ وَإِسْمَعِيلَ أَن

طَهِّرَا بَيْتِيَ لِلطَّائِفِينَ وَالْعَكِفِينَ وَالرُّكَّعِ السُّجُودِ

(19:54) Et mentionne dans le livre Ismaël, en vérité, il était fidèle à sa promesse ; il était messager et prophète. (19:55) Et il enjoignait à ses proches la prière et la zakât et il était agréé auprès de son Seigneur.

وَإِسْمَٰعِيلَ وَإِدْرِيسَ وَذَا ٱلْكِفْلِ كُلٌّ مِّنَ ٱلصَّٰبِرِينَ

(21:85) Et Ismaël, Idris et Dhoul Kifl, ils étaient tous patients. (21:86) Nous les avons admis dans notre miséricorde ; en vérité, ils étaient du nombre des vertueux.

وَٱذْكُرْ إِسْمَٰعِيلَ وَٱلْيَسَعَ وَذَا ٱلْكِفْلِ وَكُلٌّ مِّنَ ٱلْأَخْيَارِ

(38:48) Et mentionne Ismaël, Elaysha, et Dhul Kifl. Ils faisaient tous partie des meilleurs.

فَبَشَّرْنَٰهُ بِغُلَٰمٍ حَلِيمٍ

(37:101) Alors nous lui annoncèrent la bonne nouvelle d’un enfant magnanime.

D’un côté nous avons le passage corrompu de la Genèse en 16:12 qui profane la mémoire d’Ismaël en le décrivant comme « un âne sauvage » prétendant que« sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; et il habitera en face de tous ses frères »et le Saint Coran qui rétablit la vérité en le décrivant au contraire comme un authentique messager et prophète agréé auprès de son Seigneur (19:54), magnanime (37:101), patient, vertueux (21:85) et faisant partie « des meilleurs » individus que la race humaine ait connu (38:48).

De plus, Dieu prendrait-il la peine d’envoyer un ange à Hagar pour lui annoncer que son fils allait être comme un âne sauvage ?!

Nous lisons par ailleurs en Genèse 17:20 :

20 En ce qui concerne Ismaël, j’ai aussi entendu ta prière en sa faveur. Oui, je le bénirai. Je lui donnerai aussi de très nombreux descendants : je le multiplierai à l’extrême. Douze princes seront issus de lui et je ferai de lui l’ancêtre d’une grande nation.

Comment Dieu pourrait-il avoir « béni » Ismaël, multiplié sa descendance à l’extrême et faire de lui « l’ancêtre d’une grande nation » et en même temps faire de lui « un âne sauvage » dont la « main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; et il habitera en face de tous ses frères » ?

La visite de l’ange dans le désert est visiblement annonciatrice d’immense bénédictions et en aucun cas de la naissance d’un fils maudit qui se comporterait comme « un âne sauvage » et serait belligérant envers son prochain.

Ce crime diffamatoire d’une portée historique considérable est grandement responsable d’avoir perpétué jusqu’à nos jours l’ignorance, le mensonge, le racisme et l’hostilité de millions de juifs et chrétiens envers le peuple arabe et musulman en général. Il suffit de voir comment les palestiniens sont traités en Israël pour en être convaincu.

5. Le sacrifice d’Abraham dans le coran

5.1 Commentaire des verses 37:101-37:105

Ismaël n’est jamais mentionné dans le Coran en relation avec l’épisode du sacrifice. C’est le contexte coranique et la chaine d’événements qui démontrent sans aucun doute possible qu’il s’agissait d’Ismaël et non d’Isaac.

Nous avons évoqué qu’Abraham, Ismaël et Isaac sont mentionnés quatre fois de façon consécutive dans le même verset (2:136, 2:140, 3:84, 4:163) reflétant leur ordre de naissance.

Nous lisons encore :

(14:39) Louange à Dieu, Celui qui m’a accordé dans un âge avancé Ismaël et Isaac. En vérité, mon Seigneur entend les prières.

L’ordre des mots n’est jamais lié au hasard dans le Coran. Nous avons par ailleurs expliqué précédemment que selon la Genèse, Ismaël, le fils d’Abraham et de son épouse Hagar, est né quatorze années avant Isaac. 

Etudions maintenant en détail le récit du sacrifice dans le texte coranique :

فَبَشَّرْنَٰهُ بِغُلَٰمٍ حَلِيمٍ

(37:101) Alors nous lui annoncèrent la bonne nouvelle d’un enfant magnanime.

Ci-dessus, le mot « halîm » (حَلِيم = magnanime) désigne l’enfant destiné au sacrifice d’Abraham. Ce terme est employé 11 fois dans le Coran en tant qu’attribut divin (2:225, 2:235, 2:263, 3:155, 4:12, 5:101, 17:44, 22:59, 33:51, 35:41, 64:17) et quatre fois en relation avec Abraham (11:75, 9:114), Ismaël (37:101) et Chouaïb (11:87). Pour ce qui est de ce dernier, ceux qui l’ont rejeté le qualifient sarcastiquement en 11:87 d’« al halîm » (« le magnanime ») avec l’article « al » sachant qu’il s’agit d’un attribut divin réservé exclusivement à Allah. Nous élaborerons plus loin pourquoi Le Tout Puissant qualifie uniquement Abraham et Ismaël comme étant « halîm » (magnanimes) dans le coran, mais jamais Isaac, ni Chouaïb ni personne d’autre.

فَلَمَّا بَلَغَ مَعَهُ ٱلسَّعْىَ قَالَ يَٰبُنَىَّ إِنِّىٓ أَرَىٰ فِى ٱلْمَنَامِ أَنِّىٓ أَذْبَحُكَ فَٱنظُرْ

مَاذَا تَرَىٰ قَالَ يَٰٓأَبَتِ ٱفْعَلْ مَا تُؤْمَرُ سَتَجِدُنِىٓ إِن شَآءَ ٱللَّهُ مِنَ ٱلصَّٰبِرِينَ

(37:102) Ensuite, quand il atteint [l’âge] de travailler avec lui il dit : « Ô mon fils, en vérité j’ai vu pendant [mon] sommeil que je te sacrifie, alors considère comment tu envisages [la chose]. Il dit : « Ô mon père ! Fais ce qui t’es commandé ; tu me trouveras, s’il plaît à Dieu, du nombre des patients.

« L’âge de travailler » coïncide selon toute vraisemblance avec l’âge de puberté. Nous avons vu en genèse 17:20 qu’Ismaël avait 13 ans l’année précédant la naissance d’Isaac, ce qui correspond à l’âge moyen de fertilité chez un homme. La Genèse et le Coran concordent donc sur ce détail très précis.

فَلَمَّآ أَسْلَمَا وَتَلَّهُۥ لِلْجَبِينِ

(37:103) Alors, quand ils se furent tous deux soumis, et qu’il le plaça sur le front,

Dans les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme et Islam), le sacrifice d’Abraham est considéré à juste titre comme étant le symbole de la soumission absolue d’Abraham envers Dieu. Le verset ci-dessus nous éclaire que la tentative d’Abraham de sacrifier son fils unique est le symbole non seulement de la soumission absolue d’Abraham, mais également de celle d’Ismaël. Ismaël a accepté d’être sacrifié quand son père l’a informé de son rêve prophétique (37:102) et sa soumission est aussi extraordinaire que celle de son père. Le Coran prêche la soumission (Islam) absolue à Dieu et cette soumission inconditionnelle d’Abraham et d’Ismaël explique pourquoi Mohammed, le sceau des prophètes (33:40), est issu de la descendance d’Ismaël.

Nous voyons par ailleurs qu’Abraham incline son fils dans le but de l’égorger, ce qui correspond à l’origine du rituel du sacrifice lors du Hajj, où chaque pèlerin qui peut se le permettre doit sacrifier un animal en l’allongeant sur les flancs et l’égorger (22:36).

وَنَٰدَيْنَٰهُ أَن يَٰٓإِبْرَٰهِيمُ

(37:104) Nous l’appelâmes : « Ô Abraham ! ».

قَدْ صَدَّقْتَ ٱلرُّويَآ إِنَّا كَذَٰلِكَ نَجْزِى ٱلْمُحْسِنِينَ

(37:105) « Assurément, tu as accompli le rêve prophétique ». En vérité, c’est ainsi que nous récompensons les [gens] bienfaisants.

Abraham a accompli le « rêve prophétique » (الرُّويَآ = al roûyâ) : Le terme « roûyâ » apparaît sept fois dans le Coran, et réfère systématiquement à un « rêve prophétique », c’est-à-dire un rêve révélé par Dieu. En 12:5 et 12:100 le mot renvoie au rêve prophétique de Joseph ; en 12:43, il désigne le rêve prophétique du roi d’Egypte au sujet de sept années fastes suivies de sept années de famine. En 17:60 et 48:27, il évoque la vision prophétique que Mohammed a reçu lors de l’ascension céleste au sujet de la conquête de La Mecque sur les polythéistes. Nous pouvons donc déduire statistiquement que chaque fois que le mot « roûyâ » est employé dans le Coran, il réfère systématiquement à une « vision prophétique », c’est-à-dire émanant de Dieu. L’interprétation de Rashad Khalifa qui a théorisé que le rêve d’Abraham était d’origine satanique est donc bancale d’un point de vue statistique, mais le plus grave est que si Abraham et Ismaël s’étaient « soumis » (37:103) à un rêve d’origine diabolique, ils se seraient spirituellement soumis à satan au lieu de Dieu, et auraient de facto commis un acte d’idolâtrie, ce qui est le plus grand péché en Islam. Le commentaire de Rashad contredit de plus 37:105 qui établit au contraire qu’Abraham « a accompli le rêve prophétique » ; sa soumission a été « récompensée » (37:105, 37:110) et il est qualifié de « Mouhsin » (مُحْسِن = « une personne bienfaisante »). Son interprétation est donc non seulement fausse mais surtout blasphématoire car le rêve d’Abraham était bien d’origine divine. Par contre, et il s’agit d’un point véritablement essentiel, Dieu n’a jamais demandé à Abraham de sacrifier son fils et c’est Abraham qui l’a interprété comme tel. Nous y reviendrons dans quelques paragraphes.

5.2 Confirmation mathématique que les sept mots « rouyâ » réfèrent à un « rêve prophétique », c’est-à-dire inspiré par Dieu:

Nous venons d’expliquer que mot « roûyâ » (رُويَا) signifie « rêve prophétique ». Il est très probablement incorrectement écrit dans le Coran sunnite en circulation dans le monde dans l’intégralité de ses sept orthographes en 12:5 (1), 12:43 (2), 12:100 (1), 17:60 (1), 37:105 (1), 48:27 (1) où il est écrit rou’yâ (رُءْيَا) au lieu de « roûyâ » (رُويَا) avec un « wa » (و), c’est-à-dire un « oû » long.

L’orthographe « roûyâ » (رُويَا) est documenté en 12:43 (ci-dessus souligné en rouge dans le mot « رُويَاىَ » = roûyâya = « mon rêve prophétique ») et « lilroûyâ » (لِلرُّويَا = deuxième mot souligné en rouge) dans l’un des plus anciens manuscrits coraniques au monde, à savoir le manuscrit de Sanaa DAM 01-29.2 (ci-dessus, daté au carbone 14 avec une précision de 95.6% comme ayant été écrit entre 648 et 691).

Dans le manuscrit Saray Medina 1A (Topkapi Sarayi Muzesi: M1, verset 12:43), le premier mot « Roûyâya » (« mon rêve prophétique », souligné en rouge ci-dessus) est possiblement incorrectement écrit avec un « alif » (lettre « A ») dans le mot « رُأيَٰىَ » (ru’yâya), alors que le second mot « rêve prophétique » est écrit « لِلرُّويَا » (lilroûyâ) comme dans le manuscrit de Sanaa où la lettre « wa » (و) est partiellement effacée mais bien présente (encerclée en rouge dans la photo ci-dessus). De plus, la lettre « alif » (lettre « A ») est également manquante dans le mot « رُويَاىَ » (roûyâya = « mon rêve prophétique », GV 227) en 12:43 dans le Coran sunnite où il est écrit « رُءْيَٰىَ » (GV 220) mais reconnait pourtant la prononciation d’un « A » long  dans « roûyâya » (رُءْيَٰىَ) en plaçant un petit « alif » (alif khanjariyyah) au-dessus de la lettre « ya ». Le mot « roûyâ » (rêve prophétique) est également écrit « رُويَا » dans le dictionnaire de Lane (رُويَا), et le mot « رُويَاىَ » (« mon rêve prophétique ») en 12:43 est aussi écrit correctement sur la page du « Quran dictionary » qui établit la liste du mot « roûyâ » sur le site corpus.quran.com (http://corpus.quran.com/qurandictionary.jsp?q=rAy#(12:43:20)).

Si l’on additionne tous les numéros de sourates et versets des sept versets où le mot « roûyâ » apparaît (formes simples et avec pronoms possessifs), nous obtenons:

12 + 5 + 43 + 100 + 17 + 60 + 37 + 105 + 48 + 27 = 114 (addition des numéros de sourates) + 340 (addition des numéros de versets) = 454 = 2×227.

227 est la valeur mathématique du mot « رُويَاىَ » (roûyâya = « mon rêve prophétique », V.M. 227) tel qu’écrit dans le manuscrit de Sanaa en 12:43, lequel est le 2ème des 7 mots « “roûyâ » dans le Coran (454 2×227).

227 est le 49ème nombre premier = 7×7 (Il y a sept mots « roûyâ » au total dans toutes ses formes). En d’autres termes, l’addition des numéros de sourates et versets semble indiquer l’orthographe et la position correcte du 2ème mot « roûyâya » (« mon rêve prophétique ») en 12:43, lequel comporte le plus d’erreurs d’orthographe (deux) des sept mots.

Etant donné que « mon rêve prophétique » réfère au songe que Dieu a révélé au roi d’Egypte pour l’alerter de la terrible sècheresse de sept ans qui se profilait, on peut à mon sens déduire de cette propriété mathématique [454 = 2 × 227 (V.M. de « mon rêve prophétique »)] que l’intégralité des sept termes réfèrent également à des rêves émanant de Dieu.

5.3 Dieu n’a jamais ordonné de sacrifice humain: Sens profond du sacrifice d’Abraham

إِنَّ هَٰذَا لَهُوَ ٱلْبَلَٰٓؤُا۟ ٱلْمُبِينُ

(37:106) En vérité, il s’agissait là assurément d’une épreuve manifeste.

Il est tout à fait évident que jamais Dieu ne prônerait un sacrifice humain. Il est écrit en 7:28 que « Dieu n’ordonne jamais l’immoralité ». Sacrifier un être humain est à l’évidence une immoralité qui dépasse l’entendement. Dieu a donc révélé à Abraham une vision où il s’est vu sur le point d’égorger son fils, mais, fait crucial, ne lui a jamais demandé de le faire. Il s’agissait donc d’une épreuve destinée à tester à la fois sa soumission ainsi que celle d’Ismaël, mais également leur bon jugement et discernement. Ils ont tous deux réussi le profond test de soumission envers Dieu, ce qui est tout simplement extraordinaire, mais n’ont pas, et surtout Abraham, exercé le jugement et discernement qu’ils auraient dû quant au fait que Dieu n’ordonne jamais l’immoralité. On ne peut séparer la soumission absolue à Dieu du bon jugement et il s’agissait donc « d’une épreuve manifeste » qu’Abraham a interprété à tort comme étant un ordre divin qu’il sacrifie son fils.

وَفَدَيْنَٰهُ بِذِبْحٍ عَظِيمٍ

(37:107) Et nous le substituâmes par un sacrifice sublime.

Ce verset rejoint Genèse 22:13 où Dieu a fait en sorte qu’un bélier se prenne les cornes dans un buisson. Il n’y a aucune contradiction entre les deux livres, lesquels, nous l’avons vu, contiennent de nombreux détails communs. On peut donc assumer que c’est exactement ce qui s’est passé. Il s’agissait de récompenser par une bénédiction la soumission absolue d’Abraham et d’Isaac, mais également de manifester la miséricorde infinie de Dieu quant au manque de discernement d’Abraham qui n’aurait jamais dû croire que Dieu exigeait de lui de sacrifier son fils. Cet épisode dramatique est à l’origine du rituel du sacrifice lors du hajj, dont le but est de récompenser les pèlerins pour leur soumission, mais également de leur permettre d’expier symboliquement de leur péchés en nourrissant de pauvres gens (22:28, 22:36).

وَتَرَكْنَا عَلَيْهِ فِى ٱلْءَاخِرِينَ

(37:108) Et nous le perpétuâmes dans la postérité.

سَلَٰمٌ عَلَىٰٓ إِبْرَٰهِيمَ

(37:109) Que la paix soit sur Abraham !

كَذَٰلِكَ نَجْزِى ٱلْمُحْسِنِينَ

(37:110) C’est ainsi que Nous récompensons les [gens] bienfaisants.

إِنَّهُۥ مِنْ عِبَادِنَا ٱلْمُؤْمِنِينَ

(37:111) Il était en vérité du nombre de Nos serviteurs croyants.

Remarque : Abraham était un « serviteur croyant ». Une fois de plus, et pour revenir à la thèse de Rashad Khalifa, il serait absolument aberrant de prétendre qu’il se soit jamais soumis à un rêve d’origine satanique.

وَبَشَّرْنَٰهُ بِإِسْحَٰقَ نَبِيًّا مِّنَ ٱلصَّٰلِحِينَ

(37:112) Et Nous lui annoncèrent la bonne nouvelle au sujet d’Isaac, un prophète parmi les véridiques.

Ce n’est qu’après l’épisode du sacrifice que la naissance d’Isaac est annoncée. Par défaut, le seul fils qu’Abraham pouvait sacrifier, et en l’occurrence son fils unique à ce moment-là, ne pouvait être qu’Ismaël. D’un point de vue coranique aussi bien que Biblique (et oui, il faut dire la vérité telle qu’elle est), il n’y a donc pas l’ombre d’un doute que l’enfant sujet à la tentative de sacrifice était bien Ismaël.

وَبَٰرَكْنَا عَلَيْهِ وَعَلَىٰٓ إِسْحَٰقَ وَمِن ذُرِّيَّتِهِمَا مُحْسِنٌ وَظَالِمٌ لِّنَفْسِهِۦ مُبِينٌ

(37:113) Et nous le bénîmes, ainsi qu’Isaac, et parmi leurs descendances respectives (duel) se distinguent nettement le juste de l’injuste eu égard à son âme.

5.4 Chronologie du sacrifice :

Des exégètes sunnites citent les versets 11:71-74 qui annoncent la future naissance d’Isaac suivie par la suite de celle de son petit-fils Jacob comme indiquant qu’Isaac ne pouvait en aucune façon être l’enfant en question car Abraham aurait su d’avance qu’il n’était pas possible qu’Isaac meurt lors d’un sacrifice et il n’y aurait ainsi pas eu « d’épreuve manifeste ».

Cette exégèse, bien que juste sur le fond quant à Ismaël, Cette exégèse, bien que juste sur le fond quant à Ismaël, n’est pas le meilleur argument à faire valoir. En effet, le récit coranique indique que le sacrifice d’Ismaël a eu lieu peu avant la visite des anges à Abraham :

(37:112) Et Nous lui annoncèrent la bonne nouvelle au sujet d’Isaac, un prophète parmi les véridiques.

Nous savons que ce verset réfère directement à la visite des anges à Abraham car le même verbe « Bouchchira » (َبُشِّر = annoncer, forme II) est utilisé en 11:71, ce qui indique qu’il s’agit du même évènement :

وَٱمْرَأَتُهُۥ قَآئِمَةٌ فَضَحِكَتْ فَبَشَّرْنَٰهَا بِإِسْحَٰقَ وَمِن وَرَآءِ إِسْحَٰقَ يَعْقُوبَ

Coran 11:71 : Et sa femme se tenait debout et rit quand Nous lui annonçâmes la bonne nouvelle quant à Isaac, et par suite d’Isaac, [de celle] de Jacob.

Le verbe « bouchchira » (َبُشِّر =, forme II) signifie généralement « annoncer » une bonne nouvelle (mais pas toujours, voir par exemple 84:24 qui « annonce » un châtiment douloureux). Si Isaac avait été l’enfant du sacrifice, il aurait été absurde d’« annoncer » sa naissance par la suite.

Autrement dit, 37:112 et 11:71 décrivent strictement le même évènement, à savoir que ce sont les anges (désignés dans les deux versets par « Nous ») qui ont d’abord annoncé à Sarah (11:71) et peu après à Abraham (37:112, 11:74) la future naissance d’Isaac.

37:112 nous éclaire donc que la tentative de sacrifice d’Ismaël, le fils unique d’Abraham à ce moment-là, a eu lieu peu avant la visite des anges à Abraham et Sarah, ce qui rétablit la chronologie exacte altérée dans la Genèse.

Conclusion :

Un parallèle entre le Coran et la Torah au sujet de l’histoire du sacrifice d’Abraham et autres histoires communes aux deux livres sacrés nous informe qu’ils diffèrent parfois sur certains points, ce qui démontre qu’il y a eu occasionnellement déperdition des faits exacts ou manipulation volontaire du texte de la Torah dans certains cas, mais également qu’ils concordent le plus souvent sur de nombreux détails extrêmement précis. Ce n’est nullement un hasard si Dieu a ordonné aux musulmans de croire aux livres révélés précédents (2:4, 4:136, 29:46…). Cet aspect de la foi est d’ailleurs si crucial qu’il fait partie du crédo musulman (4:136).

Les juifs et les chrétiens ont historiquement prétendu qu’Ismaël était un enfant illégitime en déformant le sens de Genèse 16:3 alléguant que la relation entre Abraham et Hagar était illégitime, alors que le verset établit clairement qu’Abraham s’est bien légalement « marié » devant Dieu à Hagar :

Genèse 16:3 Alors Saraï, femme d’Abram, prit Agar, l’Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à Abram, son mari, après qu’Abram eut habité dix années dans le pays de Canaan.

Avoir un enfant avec une servante avec laquelle on s’est marié est parfaitement légal dans la Bible. Les juifs semblent oublier que Moïse et Aaron sont issus de deux parents esclaves ce qui ne les rend aucunement moins honorable qu’Ismaël dont le père était un homme libre.

Le but de ce mensonge au sujet d’Ismaël était de tenter de prétendre qu’Isaac avait bien droit au titre de « fils unique » qu’Abraham a tenté de sacrifier (Genèse 22:2, 22:12, 22:16). A l’évidence, le fait que la Torah admette qu’Abraham ait tenté de sacrifier son fils unique constitue ni plus ni moins la preuve irréfutable que le texte Biblique a été manipulé et qu’Isaac n’était tout simplement pas né au moment du sacrifice. Le Coran proclame :

وَإِنَّ مِنْهُمْ لَفَرِيقًا يَلْوُۥنَ أَلْسِنَتَهُم بِٱلْكِتَٰبِ لِتَحْسَبُوهُ مِنَ ٱلْكِتَٰبِ وَمَا هُوَ مِنَ ٱلْكِتَٰبِ

وَيَقُولُونَ هُوَ مِنْ عِندِ ٱللَّهِ وَمَا هُوَ مِنْ عِندِ ٱللَّهِ وَيَقُولُونَ عَلَى ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ وَهُمْ يَعْلَمُونَ

(3:78) Et en vérité, il y a un groupe parmi eux qui tordent leurs langues au sujet du livre, afin que vous croyiez que cela fasse partie du livre, mais cela ne fait point partie du livre ; et ils disent : « Cela provient de DIEU ! ». Mais cela ne provient pas de Dieu, et ils attribuent à Dieu le mensonge en pleine connaissance de cause.

De plus, le texte de la Genèse a également été altéré dans le but avoué de profaner la mémoire d’Ismaël en le qualifiant « d’âne sauvage » qui serait belligérant envers ses semblables :

Genèse 16:11-12 : 11 L’ange de l’Éternel lui dit : Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d’Ismaël ; car l’Éternel t’a entendue dans ton affliction. 12 Il sera comme un âne sauvage ; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; et il habitera en face de tous ses frères.

Nous avons à nouveau la preuve irréfutable qu’il s’agit d’une corruption du texte sacré car la Torah indique le contraire au sujet d’Ismaël :

Genèse 17:20 : En ce qui concerne Ismaël, j’ai aussi entendu ta prière en sa faveur. Oui, je le bénirai. Je lui donnerai aussi de très nombreux descendants : je le multiplierai à l’extrême. Douze princes seront issus de lui et je ferai de lui l’ancêtre d’une grande nation.

Comment peut-on être à la fois « un âne sauvage » violent – ce qui serait de toute évidence une malédiction – et être en même temps « béni » par Dieu Tout Puissant et père d’une grande nation ? L’imposture est donc à nouveau flagrante, et témoigne de l’immense jalousie et du préjudice ethnique occasionné par certaines personnes issues du peuple d’Israël qui ne pouvaient supporter qu’Ismaël ait été béni à ce point dans leur texte sacré et ont ruiné leurs âmes en décidant de falsifier le livre d’Allah. Ce crime est si grave que le préjudice envers le peuple arabe et les musulmans issu de ces altérations perdurent jusqu’à nos jours.

Le Coran concorde avec Genèse 17:20 et supplante le mensonge calomnieux en Genèse 16:12 en décrivant Ismaël comme un authentique messager et prophète agréé auprès de son Seigneur (19:54), magnanime (37:101), patient, vertueux (21:85) et faisant partie « des meilleurs » individus que la race humaine ait jamais connu (38:48).

La sacrifice d’Ismaël dans le Coran:

Le Coran ne mentionne jamais Ismaël nommément dans le récit du sacrifice (37:101-111) mais procure toutes les preuves qu’il s’agit bien de lui :

– Ismaël était « en âge de travailler » (37:102) au moment des faits, ce qui corrobore le récit de la Genèse qui indique qu’Ismaël avait 13 ans un an avant la naissance d’Isaac et correspond à l’âge moyen de la puberté.

– Un rapprochement entre les versets 37:112 et 11:71 démontre que le sacrifice d’Abraham a eu lieu peu avant la visite des anges, alors que la naissance d’Isaac n’avait même pas été annoncée :

وَبَشَّرْنَٰهُ بِإِسْحَٰقَ نَبِيًّا مِّنَ ٱلصَّٰلِحِينَ

(37:112) Et Nous lui (Abraham) annoncèrent la bonne nouvelle au sujet d’Isaac, un prophète parmi les véridiques.

Le même verbe « Bouchchira » (َبُشِّر = annoncer, forme II) est aussi utilisé en 11:71 :

وَٱمْرَأَتُهُۥ قَآئِمَةٌ فَضَحِكَتْ فَبَشَّرْنَٰهَا بِإِسْحَٰقَ وَمِن وَرَآءِ إِسْحَٰقَ يَعْقُوبَ

Coran 11:71 : Et sa femme se tenait debout et rit quand Nous lui (Sara) annonçâmes la bonne nouvelle quant à Isaac, et par suite d’Isaac, [de celle] de Jacob.

37:112 et 11:71 décrivent strictement le même épisode, c’est à dire que ce sont les anges, lesquels étaient en route pour anéantir Sodome et Gomorrhe, qui ont « annoncé » séparément et lors de la même visite à Sara (11:71), puis â Abraham (37:112), la naissance d’Isaac, rétablissant ainsi la chronologie correcte altérée dans la Torah. 11:74 confirme d’ailleurs que la nouvelle fut annoncée séparément à Abraham, ce qui montre à quel point le Coran ne se contredit jamais.

Ismaël est donc bien « l’enfant magnanime » mentionné en 37:101, terme qui n’est jamais employé en relation avec Isaac ni aucun autre messager ou prophète hormis Abraham (11:75, 9:114) dans l’intégralité du Coran.

La signification profonde du sacrifice d’Abraham :

Le « rêve prophétique » d’Abraham (37:102) représente l’une des plus profondes épreuves à laquelle Dieu ait jamais soumis un être humain. 

فَلَمَّآ أَسْلَمَا وَتَلَّهُۥ لِلْجَبِينِ

(37:103) Alors, quand ils se furent tous deux soumis, et qu’il le plaça sur le front,

Dans les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme et Islam), le sacrifice d’Abraham est considéré à juste titre comme étant le symbole de la soumission absolue d’Abraham envers Dieu. Le verset ci-dessus nous éclaire que la tentative d’Abraham de sacrifier son fils unique est le symbole non seulement de sa soumission absolue, mais également de celle d’Ismaël. Ismaël a littéralement accepté d’être sacrifié quand son père l’a informé de son rêve prophétique (37:102) et sa soumission est aussi extraordinaire que celle de son père. Le Saint Coran prêche la soumission (islam) absolue envers Dieu et ceci explique en partie pourquoi Mohammed, le sceau des prophètes (33:40), descend directement d’Ismaël.

Des musulmans réformistes comme Rashad Khalifa ont affirmé que le rêve d’Abraham était un rêve d’origine satanique. C’est absolument faux car 37:103 indique qu’Abraham et Ismaël se sont « soumis » et si le rêve avait été inspiré par satan, ils se seraient soumis à autre que Dieu ce qui serait un péché de la plus haute gravité et l’exact contraire de ce qu’ils représentent en Islam (soumission à Dieu). Le mot « roûyâ » (rêve prophétique) apparaît sept fois dans le Coran [12:5 (1), 12:43 (2), 12:100 (1), 17:60 (1), 37:105 (1) et 48:27(1)] et réfère systématiquement à des rêves d’origine divine. 37:105 n’échappe donc pas à la règle. L’addition de ces numéros de sourates et versets est égal à 454 = 2×227227 est la valeur mathématique du mot « رُويَاىَ » (roûyâya = « mon rêve prophétique » en 12:43), 2ème mot sur sept, tel qu’écrit notamment dans le manuscrit de Sanaa DAM 01-29.2 (le mot est à mon sens mal orthographié dans le Coran sunnite). Si cette interprétation est correcte s’il plaît à Dieu, et étant donné que 12:43 réfère au rêve prophétique du roi d’Egypte qui était visiblement inspiré par Dieu, cela implique que les sept mot réfèrent tous à des rêves prophétiques, y compris celui d’Abraham.

Il est tout à fait évident que jamais Dieu ne prônerait un sacrifice humain. Il est écrit en 7:28 que « Dieu n’ordonne jamais l’immoralité ». Sacrifier un être humain est à l’évidence une immoralité sans égal. Dieu a donc révélé à Abraham une vision où il s’est vu sur le point d’égorger son fils, mais, fait primordial, ne lui a jamais ordonné ni demandé de le faire. Il s’agissait donc d’une épreuve destinée à tester à la fois sa soumission ainsi que celle d’Ismaël, mais également leur bon jugement et discernement. Ils ont tous deux réussi le profond test lié à la soumission, ce qui est un accomplissement hors du commun, mais n’ont pas, et surtout Abraham compte tenu de son expérience, exercé le jugement et discernement nécessaires quant au fait que Dieu n’ordonne jamais l’immoralité. On ne peut séparer soumission absolue à Dieu et bon jugement. Il s’agissait donc « d’une épreuve manifeste » qu’Abraham a interprété à tort comme étant un ordre divin qu’il sacrifie son fils, et témoigne donc de l’immense miséricorde de Dieu qui a pardonné à Abraham et Ismaël leur erreur de jugement.

Le sacrifice d’Abraham est immortalisé lors du hajj par le rituel du sacrifice durant lequel les pèlerins qui peuvent se le permettre égorgent un animal après l’avoir allongé sur le flanc (22:36). De même qu’Abraham et Ismaël, ce rituel symbolise notre soumission envers Dieu, ainsi que Son immense miséricorde, et représente l’occasion d’une vie d’expier de nos péchés. L’animal sacrifié est avant tout destiné à nourrir les pauvres gens (22:28, 22:36), ce qui dans le Coran est l’un des moyens obligés d’obtenir le pardon de Dieu (2:184, 5:89, 22:28, 22:36, 76:8).

Addendum : Pourquoi le Coran (11:71) annonce-t-il à Abraham à la fois la venue d’Isaac et de Jacob ?

Cette section est quelque peu hors sujet et figure en addendum car la question m’a été posée et demande à être clarifiée car il est légitime de s’interroger quant au fait qu’Isaac et Jacob soient mentionnés de concert dans le récit de la visite des anges à Abraham dans le Coran alors que ce n’est pas le cas dans la Torah.

وَٱمْرَأَتُهُۥ قَآئِمَةٌ فَضَحِكَتْ فَبَشَّرْنَٰهَا بِإِسْحَٰقَ وَمِن وَرَآءِ إِسْحَٰقَ يَعْقُوبَ

(11:71) Et sa femme se tenait debout et rit quand Nous lui (féminin = Sarah) annonçâmes la bonne nouvelle quant à Isaac, et par suite d’Isaac, [de celle] de Jacob.

Si nous lisons ce verset en dehors d’un contexte coranique plus large, nous pouvons légitimement nous demander si le Coran diverge du récit de la Genèse en indiquant qu’Abraham et Sarah ont eu non pas un seul fils (Isaac), mais en fait deux, à savoir que Jacob serait également le fils d’Abraham et non pas celui d’Issac et Rebecca comme indiqué en Genèse 25:20-26.

Si on étudie attentivement le Coran, nous constatons qu’en fait, il n’y a aucune contradiction entre le récit Biblique et Coranique à ce sujet :

وَوَصَّىٰ بِهَآ إِبْرَٰهِۦمُ بَنِيهِ وَيَعْقُوبُ يَٰبَنِىَّ إِنَّ ٱللَّهَ

ٱصْطَفَىٰ لَكُمُ ٱلدِّينَ فَلَا تَمُوتُنَّ إِلَّا وَأَنتُم مُّسْلِمُونَ

(2:132) Et Abraham enjoint ses fils (pluriel = trois ou +) ainsi que Jacob : Ô mes fils ! En vérité Dieu a choisi pour vous la religion, alors ne mourrez pas si ce n’est que vous soyez soumis.

أَمْ كُنتُمْ شُهَدَآءَ إِذْ حَضَرَ يَعْقُوبَ ٱلْمَوْتُ إِذْ قَالَ لِبَنِيهِ مَا تَعْبُدُونَ مِنۢ بَعْدِى قَالُوا۟

نَعْبُدُ إِلَٰهَكَ وَإِلَٰهَ ءَابَآئِكَ إِبْرَٰهِۦمَ وَإِسْمَٰعِيلَ وَإِسْحَٰقَ إِلَٰهًا وَٰحِدًا وَنَحْنُ لَهُۥ مُسْلِمُونَ

(2:133) Ou étiez-vous témoins quand la mort se présenta à Jacob lorsqu’il dit à ses fils : « Qu’allez-vous adorer après moi ? » Ils dirent : « Nous allons adorer ton dieu, et le dieu de tes ancêtres paternels (littéralement : « tes pères ») Abraham, Ismaël et Isaac. Une Divinité Unique, et nous Lui sommes soumis.

Tout d’abord, nous constatons que le Coran confirme qu’Abraham a bien connu Jacob de son vivant conformément au récit biblique (Genèse 25:20-26). Abraham est décédé quand ce dernier avait 15 ans (Genèse 25:7) et il a eu plus de trois fils au total comme en témoigne le pluriel « ses fils » (trois entités ou plus, Abraham a eu huit fils au total, voir Genèse 25:1-2) en 2:132, ce qui confirme à nouveau la justesse du récit biblique. Abraham fait la différence entre ses fils et Jacob (2:132), car Jacob n’est pas son fils mais son petit-fils. De plus, au moment de la mort de Jacob, ses fils font référence à Abraham, Ismaël et Isaac par ordre de naissance comme étant « les ancêtres/pères » de Jacob (2:133 : « tes ancêtres/pères Abraham, Ismaël et Isaac »). Clairement, Jacob n’est pas le frère d’Isaac comme on pourrait le croire sans placer 11:71 dans le contexte Coranique et Biblique, ce dernier étant tout simplement son père.

وَكَذَٰلِكَ يَجْتَبِيكَ رَبُّكَ وَيُعَلِّمُكَ مِن تَأْوِيلِ ٱلْأَحَادِيثِ وَيُتِمُّ نِعْمَتَهُۥ عَلَيْكَ وَعَلَىٰٓ

ءَالِ يَعْقُوبَ كَمَآ أَتَمَّهَا عَلَىٰٓ أَبَوَيْكَ مِن قَبْلُ إِبْرَٰهِيمَ وَإِسْحَٰقَ إِنَّ رَبَّكَ عَلِيمٌ حَكِيمٌ

(12:6) Et ainsi ton Seigneur te choisira et t’enseignera (Ô Joseph) l’interprétation des récits et parachèvera Sa faveur à ton égard ainsi que la famille de Jacob comme il l’a parachevée eu égard à tes deux ancêtres paternels préalables (littéralement : « tes deux pères préalables ») Abraham et Isaac. En vérité, ton Seigneur est Savant et Sage.

12:6 constitue une preuve supplémentaire que les « deux ancêtres paternels (littéralement : « tes deux pères ») préalables » de Joseph [أَبَوَيْكَ مِن قَبْلُ = « tes deux pères (duel) préalables », c’est-à-dire « préalables » à Jacob] étaient Abraham et Isaac. Le duel « abwayn » (اَبْوَيْن) signifie soit « deux parents » (un père et une mère, voir 4:11, 7:27, 12:99, 12:100, 18:80) ou alors ici « deux pères » dans le sens d’ancêtres paternels.

La lignée de prophètes d’Abraham à Joseph est donc décrite dans le Coran comme étant Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, Abraham et Isaac étant « les deux ancêtres paternels préalables » ou « antérieurs » (مِن قَبْلُ) à Jacob, son père.

Finalement, 12:38 reprend la même lignée, à savoir que Joseph indique « qu’il a suivi la religion de ses pères/ancêtres Abraham, Isaac et Jacob ».

Sans aucun doute possible, Isaac est donc bien le père de Jacob et en aucune façon son frère comme une lecture isolée de 11:71 (voir également 19:49, 21:72 et 29:27) pourrait le laisser croire, et le verset ne fait qu’indiquer que Dieu a donné « Isaac (son fils) et Jacob (son petit-fils) » à Abraham car il a été béni de leur présence de son vivant, conformément au récit de la Torah :

Selon la Bible, Abraham a eu son second fils Isaac à l’âge de 100 ans, et est décédé à l’âge de 175 ans (Genèse 25:7), tandis qu’Isaac a eu Esaü et Jacob (qui étaient jumeaux) à l’âge de 60 ans (Genèse 25:26). Abraham a donc connu Jacob 15 années avant sa mort.

Il est seulement fait allusion à la naissance d’Isaac sans qu’il soit nommé lors du même épisode de la visite des trois anges en Genèse 18:10 et Isaac est mentionné en contradiction avec le Coran pour la première fois dans le chapitre précédent en Genèse 17:19 où des personnes maléfiques ont usurpé la Torah par jalousie, laquelle faisait à l’origine référence à l’alliance entre Abraham et Ismaël avant qu’ils ne substituent le nom d’Isaac.

Le fait qu’Esaü, le frère jumeau de Jacob (Genèse 25:26), ne soit pas mentionné en 11:71 s’explique par le fait que le Coran est un condensé de l’histoire de la révélation au genre humain et considère avant tout la lignée des prophètes et messagers.


Article publié le 6/09/2020.