Que Dieu me pardonne et me guide pour tout ce que j’aurais pu mal interpréter dans cette étude et ailleurs. Qu’Il puisse nous guider vers une meilleure compréhension de Sa révélation afin que nous puissions nous purifier et accroître notre savoir.

Il suffit d’écouter son cœur pour savoir que battre sa femme est un acte injustifiable. Le verset 4:34 du Saint Coran suscite, et à juste titre, la controverse en raison du fait que les savants sunnites affirment, sous influence des hadiths et de la sounnah, que battre sa femme est légitime dans les conditions décrites dans le verset.
Nous allons expliquer en détail que non seulement il n’y a aucun motif valable d’être violent envers sa femme selon 4:34 ou tout autre verset du Coran, mais que Dieu enjoint au contraire au mari de protéger sa femme, de l’aimer, d’être gentil et miséricordieux avec elle, et de la respecter à tous les niveaux.
Le mot qui se situe au cœur du débat en 4:34 est le verbe « daraba » qui est presque systématiquement traduit par le verbe « frapper » et parfois même « flageller » dans les traductions du coran de par le monde. Nous allons constater que le verbe « daraba » a en réalité un nombre impressionnant de significations différentes en arabe en général, et dans le texte coranique en particulier, ce qui nous permettra de nous poser la question si l’interprétation traditionnelle est la plus appropriée compte tenu du sens du verset et de la sourate, ainsi que du contexte du coran en général.
Nous allons dans un premier temps analyser toutes les significations du mot « daraba » en arabe classique ainsi que dans le coran. La deuxième étape consistera à disséquer en profondeur le sens du verset 4:34 tout en le plaçant dans le contexte de la sourate et du Coran en général. Cette analyse nous permettra, s’il plait à Dieu, de comprendre la signification réelle du verset à la lumière du coran. Nous citerons ensuite la plupart des hadiths soit disant « authentiques » qui prétendent qu’il est permis de battre ou de flageller sa femme avec modération si cela se justifie, et sont directement responsables de l’incompréhension totale de 4:34. Le célèbre commentateur classique Ibn Kathir a interprété le verset 38:44 comme signifiant que Job a reçu l’ordre de flageller sa femme avec modération au lieu de ce qu’il avait initialement promis de lui infliger. Nous expliquerons pourquoi cette interprétation sans aucun fondement coranique a renforcé la croyance que battre sa femme est autorisé en islam.
La violence conjugale est un problème endémique dans les pays sunnites. Si vous n’avez pas le temps de lire l’article tout de suite, je vous prie de vous référer directement à la conclusion et de revenir à l’article plus tard. Il est grand temps que le monde musulman comprenne pourquoi battre sa femme n’a pas sa place en islam, de même que d‘identifier l’origine du mal qui le ronge.
Sommaire
1. Verset 4:34
1.1 Traduction indépendante de 4:34
1.2. Traductions sunnites de 4:34
2. Définition de « daraba »
2.1 Différentes significations du verbe « daraba » (ضرب = forme 1) dans le Coran.
3. Analyse de 4:34
3.1 Commentaire du verset
3.2 «Battez-les» ou «ignorez-les» ?: Le contexte du verset
3.3 Le Dictionnaire d’Edward Lane confirme que « daraba » peut signifier « ignorer », même sans préposition
3.4 4:34: Trois étapes successives ou trois mesures immédiates?
3.5 Verset 4:35: Médiation avant un divorce éventuel
3.6 Contexte général de 4:34 et parallèle avec 4:128
4. L’impact dévastateur des hadiths et de la Sunna au sujet de l’interprétation de 4:34
4.1 La violence conjugale dans les hadiths
4.2 Interprétation nocive de 38:44 d’Ibn Kathir
4.2.1 Traduction personnelle de 38:41-44
4.2.2 Traduction sunnite de 38:44
Conclusion
1. Verset 4:34
1.1 Traduction indépendante de 4:34
La traduction suivante est très littérale et est le résultat d’une étude approfondie du verset à la lumière du Coran. Le but principal de cet article sera d’expliquer pourquoi nous sommes parvenus à cette conclusion et de prouver pourquoi le verbe daraba (اضربوهن = « idribûhunna » dans le verset) doit être traduit par « ignorez-les » et non pas comme « frappez-les ».
الرِّجَالُ قَوَّامُونَ عَلَى النِّسَاءِ بِمَا فَضَّلَ اللَّهُ بَعْضَهُمْ عَلَىٰ بَعْضٍ وَبِمَا أَنفَقُوا
مِنْ أَمْوَالِهِمْ فَالصَّالِحَاتُ قَانِتَاتٌ حَافِظَاتٌ لِّلْغَيْبِ بِمَا حَفِظَ اللَّهُ وَاللَّاتِي
تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ فَعِظُوهُنَّ وَاهْجُرُوهُنَّ فِي الْمَضَاجِعِ وَاضْرِبُوهُنَّ فَإِنْ
أَطَعْنَكُمْ فَلَا تَبْغُوا عَلَيْهِنَّ سَبِيلًا إِنَّ اللَّهَ كَانَ عَلِيًّا كَبِيرًا
(4:34) Les hommes protègent les femmes (literalement : « sont protecteurs des femmes »), en raison de ce que Dieu a accordé aux premiers en comparaison avec ces dernières, et parce qu’ils les soutiennent grâce à leurs richesses. Par conséquent, les femmes vertueuses sont obéissantes [aux commandements de Dieu] quand il s’agit de préserver les aspects intimes et privés [d’un mariage] que Dieu entend préserver. Quant à celles dont vous craignez un comportement déloyal*, alors avertissez-les, et évitez-les dans le lit (idribuhûnna = forme impérative) et ignorez-les (ET NON PAS BATTEZ-LES!); Et si elles vous obéissent, ne cherchez point à leur encontre de mesures (de rétorsion). En vérité, Dieu est Omniscient et Grand.
* Dans le contexte, « le comportement déloyal » réfère à toute situation où tout « aspect intime et privé » entre époux est menacé du fait du mauvais comportement de l’épouse. Il peut s’agir d’une suspicion de relation extra conjugale, comme de n’importe quel comportement néfaste suffisamment sérieux qui puisse être vécu lors d’une vie conjugale.
وَإِنْ خِفْتُمْ شِقَاقَ بَيْنِهِمَا فَابْعَثُوا حَكَمًا مِّنْ أَهْلِهِ وَحَكَمًا مِّنْ أَهْلِهَا
إِن يُرِيدَا إِصْلَاحًا يُوَفِّقِ اللَّهُ بَيْنَهُمَا إِنَّ اللَّهَ كَانَ عَلِيمًا خَبِيرًا
(4:35) Et si vous craignez la séparation entre les deux, nommez un arbitre de sa famille (celle du mari), de même qu’un arbitre de sa famille (celle de la femme); si les deux désirent la réconciliation, Dieu arrangera les choses entre les deux. En vérité, Dieu est Omniscient et Conscient [de toutes choses].
1.2. Traductions sunnites de 4:34
Exemples de traduction traditionnelle de l’Islam sunnite:
Contrairement à la traduction précédente effectuée à la lumière du Coran, nous expliquerons dans la section 4 pourquoi les traductions qui suivent ont été inspirées par les hadiths et la sunna, et pourquoi elles sont l’antithèse du message du Coran:
Traduction de Yusuf Ali :
Yusuf Ali : (4:34) Men are the protectors and maintainers of women, because Allah has given the one more (strength) than the other, and because they support them from their means. Therefore the righteous women are devoutly obedient, and guard in (the husband’s) absence what Allah would have them guard. As to those women on whose part ye fear disloyalty and ill-conduct, admonish them (first), (Next), refuse to share their beds, (And last) beat them (lightly); but if they return to obedience, seek not against them Means (of annoyance): For Allah is Most High, great (above you all).
Traduction : (4:34) Les hommes protègent et entretiennent les femmes, parce qu’Allah a donné à l’un plus (de force) qu’à l’autre, et parce qu’ils les soutiennent grâce à leurs richesses. C’est pourquoi les femmes vertueuses obéissent avec dévotion, et gardent en l’absence du mari ce qu’Allah veut leur faire garder. Quant aux femmes dont vous craignez la déloyauté et la mauvaise conduite, avertissez-les (premièrement), refusez de partager leurs lits, et battez-les (légèrement); Mais si elles retournent à l’obéissance, ne cherchez pas à leur encontre de mesures (de rétorsion): En vérité, Allah est le Très-Haut, et Grand (au-dessus de vous tous).
Il n’y a pas de mot «légèrement» après le verbe «daraba» en arabe, (c’est-à-dire juste le verbe «idribûhunna», qui signifie en réalité, «ignorez-les»). Yusuf Ali avait trop honte de se contenter d’écrire « frappez-les » ou « battez-les ».
Traduction de pickthall :
(4:34) Men are in charge of women, because Allah hath made the one of them to excel the other, and because they spend of their property (for the support of women). So good women are the obedient, guarding in secret that which Allah hath guarded. As for those from whom ye fear rebellion, admonish them and banish them to beds apart, and scourge them. Then if they obey you, seek not a way against them. Lo! Allah is ever High, Exalted, Great.
Traduction : (4:34) Les hommes sont responsables des femmes, parce qu’Allah a fait en sorte que l’un d’eux excelle sur l’autre, et parce qu’ils dépensent de leurs biens (pour le soutien des femmes). Ainsi les bonnes épouses sont obéissantes, et gardent en secret ce qu’Allah a voulu garder. Quant à celles dont vous craignez la rébellion, avertissez-les et bannissez-les dans des lits séparés, et flagellez-les. Ensuite, si elles vous obéissent, ne cherchez pas de moyens à leurs encontre. Certes Allah est Souverain, Exalté, et Grand.
Il y a plus de 40 traductions anglaises sunnites écrites par des arabophones ou experts de la langue arabe qui traduisent « daraba » par « frapper », « battre », en encore « fouetter » ou « flageller ». Les traductions qui interprètent le verbe « daraba » différemment sont très rares, bien que deux ou trois traductions anglaises soit apparues ces dernières années.
2. Définition de « daraba »
Comme mentionné précédemment, la racine « daraba » (ضرب), à partir de laquelle le verbe daraba (ضرب, forme 1) en 4:34 est formé, a un éventail très large de significations. Selon le «Dictionnaire du Saint Coran» (arabe-anglais) par Omar, la racine signifie:
« Guérir, frapper, servir d’exemple, proposer une parabole, aller, faire un voyage, voyager, mélanger, éviter, enlever, couvrir, fermer, mentionner, établir, proposer, mettre en avant, comparer, chercher, marcher, mettre, imposer, prévenir, combattre, trafiquer avec la propriété de quelqu’un pour une part dans le profit, laisser à la place, enlever la chose (avec la préposition ‘an) ».
Il s’agit de pas moins de 26 significations différentes (!); Nous pouvons d’ores et déjà ajouter une définition supplémentaire, à savoir « ignorer », proche d’« éviter » dans la liste ci-dessus. Cette définition est notamment documentée dans le célèbre dictionnaire classique arabe-anglais d’Edward Lane (The Lane Lexicon) que nous citerons plus loin.
Nous suivrons un cheminement logique tout au long de cet article pour prouver que la signification réelle de « daraba » en 4:34 dans le contexte du coran est d’« ignorer » et non de « battre ».
2.1 Différentes significations du verbe « daraba » (ضرب = forme 1) dans le Coran.
La première forme verbale de la racine “dad-ra-ba” (ب ر ض) est le verbe daraba (ضرب), lequel apparaît 55 fois dans le texte coranique:
1. Établir un exemple : 2:26, 14:24, 14:25, 14:45, 16:74,75,76, 17:48 , 18:32,45, 22:73, 24:35, 25:9,39, 29:43, 30:28,58, 36:13,78, 39:27,29, 59:21, 66:10-11.
2. Présenter: Dieu présente la vérité et le mensonge (13:17), et quand le fils de Marie fut « présenté » comme exemple (43:57), ils le « présentent » (43:58) Dieu « présente » ainsi aux peuples leurs comparaisons (47:3),
3. Attribuer (ou assigner): De ce qu’il «attribue» au Miséricordieux (43:17)
4. Établir: Alors sera «établi» entre eux une barrière (57:13).
5. Frapper physiquement: « Frappe » la pierre avec ton bâton (2:60, 7:160), « frapper » (le cadavre) avec une de ses partie (de la vache) (2:73), « frapper le cou et les doigts » (8:12, c.à.d. combattre les incrédules), Les anges « frappent » les dos et les visages de ceux destinés au feu de l’enfer (8:50, 47.27), « frappent » pour eux un chemin sec dans la mer (20:77), « frappe » la mer avec ton bâton (26:63).
6. Frapper métaphoriquement: « être frappé » d’humiliation et de misère (2:61), être « frappé » d’humiliation et de pauvreté (3:112),
7. Balancer: qu’elles ne «balancent» pas leurs pieds (24:31)
8. Jeter: Nous avons «jeté» [la torpeur] sur leurs oreilles pendant un certain nombre d’années (18:11),
9. Voyager: Quand ils ont «voyagé» dans le pays (3:156), «aller» dans la voie de Dieu (contexte de djihad) (4:94), quand vous «voyagez» à travers le pays (4:101, 5:106, 73:20).
10. Guérir: Prends un bouquet d’herbes dans ta main et «guéris» avec… (38:44).
10. Rabattre: Et laissez-les « rabattre» leurs foulards sur leurs poitrines (24:31).
11. Maintenir à l’écart: Devrions-nous maintenir le rappel à l’écart de vous parce que vous êtes un peuple transgresseur? (43:5).

Nous voyons donc que le verbe « daraba » a de nombreuses significations différentes, notamment dans le Coran. A plusieurs reprises, une définition particulière n’est employée qu’une seule fois, comme lorsque Dieu dit que les femmes doivent «rabattre» leurs foulards sur leurs poitrines, ou que Dieu «jette » [la torpeur] sur les oreilles des sept dormants. Il apparaît évident que nous sommes obligés d’examiner de très près les nombreuses significations du verbe mentionnées dans la section 1 ainsi que le contexte du verset afin d’éviter toute erreur de traduction en 4:34.
3. Analyse de 4:34
3.1 Commentaire du verset
Le verset 4:34 commence par une phrase très importante qui définit d’emblée l’esprit du verset:
(4:34) Les hommes protègent les femmes (literalement : « sont protecteurs des femmes »), en raison de ce que Dieu a accordé aux premiers en comparaison avec ces dernières, et parce qu’ils les soutiennent grâce à leurs richesses…
Il y a deux raisons pour lesquelles les hommes protègent les femmes: (1) parce que Dieu les a rendus plus forts physiquement et (2) parce que les hommes sont tenus de soutenir leurs épouses financièrement.
Il est bien évident que la notion de « protéger sa femme » (en partie grâce à ses capacités physiques) contredit fondamentalement l’idée de la « battre ». J’irais même plus loin: Puisque Dieu nous ordonne en tant que musulman de protéger notre femme, quiconque serait tenté de toucher un seul de ses cheveux ferait bien de se repentir car ce serait violer les commandements divins.
(4:34) ….Par conséquent, les femmes vertueuses sont obéissantes [aux commandements de Dieu] quand il s’agit de préserver les aspects intimes et privés [d’un mariage] que Dieu entend préserver…
La fidélité et un comportement digne sont l’une des pierres angulaires du mariage en islam et « l’obéissance » dont il est ici question est principalement liée au respect des commandements divins en général.
(4:34) …. Quant à celles dont vous craignez un comportement déloyal, alors avertissez les, et évitez-les dans le lit (idribuhûnna = forme impérative) et ignorez-les (ET NON PAS BATTEZ-LES!); Et si elles vous obéissent, ne cherchez point à leur encontre de mesures (de rétorsion). En vérité, Dieu est Omniscient er grand.
Si le mari craint un comportement déloyal, trois mesures immédiates sont décrites pour tenter de résoudre une situation qui pourrait autrement conduire à un divorce:
Le mari doit tout d’abord clairement avertir sa femme qu’il y a un problème sérieux dans le mariage et cesser de partager le lit avec elle. Dans le même temps, il doit l’ignorer, c’est-à-dire faire comme si elle n’était pas là, par exemple en refusant de lui parler.
3.2 « Battez-les » ou « ignorez-les » ?: Le contexte du verset
Étant donné que Dieu ordonne au mari de « protéger sa femme », quelle solution vous semble la plus plausible ? :
1. Il faut éviter sa femme au lit et la battre?
2. Il faut éviter sa femme au lit et l’ignorer ?
Remarque: Certaines traducteurs traduisent l’expression « وَاهْجُرُوهُنَّ فِي الْمَضَاجِعِ » en 4:34 par « et abandonnez-les au lit ». Je crois que qu’il est nettement préférable de traduire par « et évitez-les dans le lit », en se référant par exemple au verset 73:10:
وَاصْبِرْ عَلَىٰ مَا يَقُولُونَ وَاهْجُرْهُمْ هَجْرًا جَمِيلًا
(73:10) Et soyez patients avec ce qu’ils disent, et évitez-les de manière gracieuse.
Le verset réfère aux gens qui rejettent le message de Dieu et il va de soi que « les abandonner de manière gracieuse » n’exprime pas le comportement dont il est ici question.
J’ai logiquement traduit le verbe « daraba » en 4:34 par « ignorer » car c’est le verbe le plus en phase avec l’idée « d’éviter sa femme au lit » compte tenu du contexte parmi les nombreuses significations possibles du verbe. « Eviter » (une autre traduction possible de « daraba »), est également possible, mais déjà utilisé juste avant dans le verset dans « évitez-les au lit ». « Ignorer » a un sens plus intense qu’ « éviter » et reflète une intention délibérée et manifeste d’éviter. Deux traductions anglaises modernes du Coran (Laleh Bakhtiar et Safi Kaskas) traduisent « daraba » par « éloignez-vous d’elles » et « quittez-les » respectivement. C’est à mon sens incorrect, bien que beaucoup plus proche de la signification réelle, d’une part parce que le verset suivant montre que le couple n’est pas encore séparé, et d’autre part car ce ne devrait pas être à l’époux de s’éloigner puisque c’est lui qui est victime d’un comportement déloyal.
3.3 Le Dictionnaire d’Edward Lane confirme que « daraba » peut signifier « ignorer », même sans préposition
Selon le dictionnaire d’Edward Lane, le verbe « daraba » est soit suivi de la préposition « «’an » (عن) soit d’aucune préposition (comme c’est le cas en 4:34) pour exprimer l’idée d’« ignorer ». Vous trouverez dans l’image ci-dessous le signe « اضرب » (« idrib » = « daraba » à la forme impérative), qui indique que le verbe « daraba » admet le sens « d’ignorer » sans préposition pour une personne ou une chose, de même qu’avec la préposition « ‘an » (عن) (voir « عنه اضرب ») :

Ci-dessus : Extrait de la racine « daraba » dans le « Lane Lexicon », dictionnaire classique arabe-anglais et référence mondialement reconnue en arabe classique.
Nous constatons dans l’image que l’un des sens de « daraba » est de « se détourner de », d’« éviter » ou d’« ignorer ».
3.4 4:34: Trois étapes successives ou trois mesures immédiates?
Beaucoup de commentateurs ou traducteurs décrivent trois étapes successives dans le verset pour tenter de justifier qu’on peut finalement « battre sa femme » après deux avertissements successifs. Cependant, la phrase commence par « fa » (ف = ensuite), et les trois mesures à mettre en vigueur sont séparées par « wa » (و = « et ») et non par « ensuite » : Ceci signifie que les trois mesures doivent être mises en œuvre immédiatement et non simultanément:
تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ فَعِظُوهُنَّ وَاهْجُرُوهُنَّ فِي الْمَضَاجِعِ وَاضْرِبُوهُنَّ وَاللَّاتِي
(4:34) « …. Quant à celles dont vous craignez un comportement déloyal, alors avertissez-les et évitez-les dans le lit et ignorez-les… »
Ci-dessus, le mari suspecte ou fait face à un comportement déloyal qui menace le mariage, c’est pourquoi ces trois mesures doivent être mises en œuvre immédiatement et non pas l’une après l’autre.
(4:34) « … et si elles vous obéissent, ne cherchez point à leur encontre de mesures (de rétorsion). En vérité, Dieu est Omniscient et grand. »
Le mari doit immédiatement mettre fin aux trois mesures de représailles dès que l’épouse rectifie son comportement.
3.5 Verset 4:35: Médiation avant un divorce éventuel
(4:35) Et si vous craignez la séparation entre les deux, nommez un arbitre de sa famille (celle de l’homme), de même qu’un arbitre de sa famille (celle de la femme); si les deux désirent la réconciliation, Dieu arrangera les choses entre les deux. En vérité, Dieu est Omniscient et Conscient [de toutes choses].
Le verset décrit le cas où la situation n’est pas résolue après que le mari ait mis en œuvre les trois mesures visant à solutionner le problème, ce qui signifie qu’un divorce est à craindre. Un arbitre de chaque famille est alors nommé. Le verset indique qu’il doit y avoir une véritable intention de réconciliation de la part des deux parties pour que Dieu décide de résoudre la situation.
Du début de 4:34 où Dieu ordonne au mari de protéger sa femme jusqu’à la fin du verset, il n’est jamais question de « battre sa femme » :
On ne peut pas protéger sa femme et la battre en même temps.
Par contre, on peut tout à fait honorer le commandement divin de la protéger, et « l’éviter au lit et l’ignorer » lorsqu’une crise survient dans le couple. Une fois de plus, le Coran prouve que l’islam est une religion de paix, de respect et de justice. La violence n’est permise dans le Coran qu’en cas de sévère persécution ou pour se défendre, et c’est toujours en dernier recours, lorsqu’il n’y a aucune autre alternative.
Quelle tragédie et quelle ironie qu’un verset qui préconise des mesures de représailles pacifiques pour résoudre une crise conjugale ait pu être dénaturé au point de prétendre qu’on puisse battre sa femme !
J’irais même plus loin: Dieu sait parfaitement que beaucoup d’hommes (et de femmes) peuvent être tentés d’être violents dans une telle situation : L’un des objectifs principaux de 4:34 est de s’assurer que l’époux se soumette au protocole pacifique que Dieu a mis en place pour résoudre une crise conjugale. Un musulman n’a aucun droit de céder à la violence, car c’est trahir le commandement de Dieu de protéger sa femme. La sagesse qui se dégage de 4:34 (interprétée à la lumière du coran et non des hadiths) devrait être enseignée à tout couple musulman désirant se marier afin qu’ils sachent à l’avance quoi faire en cas de crise éventuelle et que la violence ne doit jamais entrer en ligne de compte.
3.6 Contexte général de 4:34 et parallèle avec 4:128
La sourate 4 est intitulée « Les femmes » car l’un de principaux thèmes de la sourate est de protéger la femme en général (droits des femmes, lois d’héritage, dot lors du mariage, etc…). La sourate traite de nombreux sujets différents tels que l’importance cruciale de protéger les orphelins, le mariage, décourager la polygamie, l’infidélité, l’impartialité en matière de justice, l’interdiction de modifier la création de Dieu, la condamnation du concept de trinité, …
Un rapprochement entre 4:34-35 et 4:128 révèle une autre contradiction flagrante entre le fait de « battre sa femme » et le fait que Dieu préconise « la réconciliation » entre époux.

Le Coran est pleinement détaillé (6:114, 7:52, 10:37) et basé sur l’égalité et la justice. Il traite aussi bien du cas d’un homme victime d’un « comportement déloyal » (4:34) que celui d’une femme (4:128). Dans les deux passages, Dieu prône la réconciliation entre époux. Comment Dieu pourrait-il autoriser l’époux à battre sa femme d’une part et préconiser la réconciliation d’autre part, sachant que la violence ne peut qu’augmenter exponentiellement les chances de divorce ?
Dieu préconise la paix et la réconciliation,
la violence mène à la séparation.
Nous constatons à nouveau que traduire « daraba » en 4:34 par le verbe « battre » contredit l’esprit de 4:35 aussi bien que de 4:128 qui souligne clairement « que la réconciliation est la meilleure ». Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la personne qui soit à l’origine d’une crise maritale, une médiation doit toujours être dirigée conformément aux directives énoncées en 4:35.
Un autre verset dans la sourate 4 contribue fortement à définir le contexte de 4:34 :
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا يَحِلُّ لَكُمْ أَن تَرِثُوا النِّسَاءَ كَرْهًا وَلَا تَعْضُلُوهُنَّ لِتَذْهَبُوا بِبَعْضِ
مَا آتَيْتُمُوهُنَّ إِلَّا أَن يَأْتِينَ بِفَاحِشَةٍ مُّبَيِّنَةٍ وَعَاشِرُوهُنَّ بِالْمَعْرُوفِ فَإِن
كَرِهْتُمُوهُنَّ فَعَسَىٰ أَن تَكْرَهُوا شَيْئًا وَيَجْعَلَ اللَّهُ فِيهِ خَيْرًا كَثِيرًا
(4:19) O vous qui croyez, il ne vous est pas permis d’hériter de vos femmes contre leur volonté; Ne les contraignez pas dans l’intention de leur retirer une partie de ce que vous leur avez donné, à moins qu’elles ne se livrent à la débauche, et vivez avec elle dans la gentillesse; Et s’il s’avère que vous ne les aimez pas, vous pourriez ne pas aimez quelque chose dans lequel Dieu a placé beaucoup de bien.
Etre gentil avec son épouse va clairement à l’encontre de tout recours à la violence.
Le verset ci-dessous résume parfaitement ce que doit être la nature des relations entre époux :
وَمِنْ آيَاتِهِ أَنْ خَلَقَ لَكُم مِّنْ أَنفُسِكُمْ أَزْوَاجًا لِّتَسْكُنُوا إِلَيْهَا وَجَعَلَ
بَيْنَكُم مَّوَدَّةً وَرَحْمَةً إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَآيَاتٍ لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُونَ
(30:21) Et parmi Ses signes, se trouve le fait qu’Il a créé des épouses issues de votre propre espèce, afin que vous résidiez avec elles dans la tranquillité ; et Il a placé entre vous l’amour et la miséricorde. En vérité, voilà des signes pour des gens qui réfléchissent.
Combien d’amour et de miséricorde reste-t-il dans le mariage une fois qu’un mari bat sa femme ?
Les commandements divins régissant les relations entre époux révèlent une relation basée sur la gentillesse, l’amour et la miséricorde. Comparons ce magnifique message avec les hadiths qui suivent :
4. L’impact dévastateur des hadiths et de la Sunna au sujet de l’interprétation de 4:34
4.1 La violence conjugale dans les hadiths
Très souvent, les hadiths sont ou semblent contradictoires. Commençons par un hadith qui indique que Mohammed n’a jamais battu ni un serviteur ni sa femme:
Abu Dawud/43/14: A’isha a déclaré: Le messager d’Allah n’a jamais frappé un serviteur ni une femme.
Ça commence vraiment très bien et voici le genre de hadiths que les apologistes qui défendent coûte que coûte les hadiths ne manqueront pas de citer en se gardant de mentionner ce qui suit : En effet, le même rapporteur de hadiths nous ramène rapidement à une réalité bien plus sombre, nous enseignant que le prophète avait initialement interdit de battre sa femme, mais aurait par la suite changé d’avis parce que les femmes s’enhardissaient:
Abu Dawud 11, hadith 2141: Iyas Ibn Abdallah ibn Abou Dhoubab a rapporté que l’apôtre d’Allah a dit: « Ne battez pas les servantes d’Allah »; mais quand Omar a rendu visite à l’Apôtre d’Allah et [lui] a dit que les femmes s’enhardissaient à l’égard de leurs maris, il (le Prophète) a donné la permission de les battre. Beaucoup de femmes sont alors venues auprès de la famille de l’Apôtre d’Allah se plaignant contre leurs maris. L’Apôtre d’Allah a alors dit: « Beaucoup de femmes se sont rendues auprès de la famille de Mohammed pour se plaindre contre leurs maris. Elles ne sont pas les meilleures parmi vous ».
Commentaire : Ce hadith est classifié comme « sahih » (authentique).
Abu Dawud 2142 : Book 12, Hadith 97
Mu’awiyah a demandé: Ô Messager de Dieu, quel est le droit d’une femme vis à vis de son mari ? Il répondit: Que vous la nourrissiez quand vous mangez, que vous l’habillez quand vous vous habillez ; ne la frappez pas sur le visage, ne la maudissez pas ou ne vous séparez pas d’elle sauf à la maison.
Abu Dawud a dit: La signification de « ne la maudissez pas » est comme si vous disiez : « Que Dieu te maudisse ».
Commentaire : Ce hadith « sahih » (authentique), sous-entend qu’il est autorisé de frapper sa femme, tant que ce n’est pas au visage.
Abu Dawud, Livre 11, hadith 2142: Omar a rapporté que le prophète a dit: « On ne demandera pas à un homme pourquoi il a battu sa femme ».
Commentaire : Ce hadith est classifié « sahih » (authentique). Ici nous voyons qu’un homme peut battre sa femme et ne pas être inquiété parce qu’en somme, c’est sa propre affaire.
Le hadith qui suit prouve à quel point le sunnisme est une religion empreinte de compassion car un mari qui vient de rosser sa femme n’a pas le droit de lui imposer de rapports sexuels le même jour afin de la laisser récupérer:
Bukhari volume 7, livre 62 nº 132: Le prophète a dit, « Aucun de vous ne doit fouetter sa femme comme il fouette une esclave et avoir ensuite des rapports sexuels avec elle plus tard dans la journée ».
Commentaire : Ce hadith Bukhari est classifié comme « sahih » (authentique). Il n’est pas clair si le mari a le doit de fouetter sa femme comme il fouetterait une esclave, ou s’il doit fouetter sa femme moins fort que son esclave. Quelque soit la réponse, vous avez ici un exemple parmi tant d’autres hadiths similaires de la véritable raison pour laquelle Dieu punit les musulmans dans le monde (dictatures, misère, corruption, guerres, colonisation, terrorisme, perte de la Palestine, etc…): Ils préfèrent croire à des hadiths immondes plutôt que de s’en remettre à la pureté du coran.
Depuis plus de dix siècles, les savants sunnites ont systématiquement interprété « daraba » en 4:34 par le verbe « battre » ou « fouetter », manifestant ainsi leur foi aveugle et absolue envers les hadiths qui selon eux permettent d’« éclairer » le message coranique. Ils ont ainsi systématiquement ignoré le contexte de la sourate 4 et du Coran en général qui promeut la gentillesse, l’amour, la miséricorde, le respect envers les femmes, ainsi que leur protection. Leur attitude revient à traiter le coran comme s’il n’existait pas (25:30).
Chaque année, des hommes et des femmes coupables d’adultère sont lapidés à mort, des gens considérés comme apostats sont exécutés, et les femmes sont régulièrement traitées comme des citoyennes de troisième zone parce que certains hadiths soit disant « authentiques » prétendent par exemple qu’elles sont « déficientes en intelligence et en religion » (Sahih al-Bukhari », Livre des menstruations, nº 6).
4.2 Interprétation nocive de 38:44 d’Ibn Kathir
4.2.1 Traduction personnelle de 38:41-44
38:44 est l’un des multiples versets du coran qui contient le verbe « daraba ». Ibn Kathir est complètement passé au travers de la signification du verset en prétendant que le prophète Job a (légèrement) battu ou fouetté sa femme avec un faisceau d’herbe au lieu du châtiment qu’il avait initialement promis (voir plus loin). En plus des hadiths dont nous venons de voir qu’ils autorisent le fait de battre sa femme si elle le mérite, cette interprétation conforte les savants sunnites au sujet de l’interprétation de « daraba » en 4:34, à savoir qu’il est possible de la « battre » ou de la « fouetter » dans les conditions énoncées dans le verset.
Nous allons expliquer pourquoi cette interprétation est une nouvelle fois fausse.
(38:41) Et rappelez-vous de Notre serviteur Job, lorsqu’il a imploré son Seigneur: «En vérité, Satan m’a affligé de détresse et de souffrance.» (38:42) Presse [ta monture] avec ton pied, voici un endroit frais où se baigner et boire. (38:43) Et nous lui accordâmes sa famille, et doublâmes son nombre; une miséricorde de notre part et un rappel pour ceux doués d’intelligence.
وَخُذْ بِيَدِكَ ضِغْثًا فَاضْرِب بِّهِ وَلَا تَحْنَثْ إِنَّا وَجَدْنَاهُ صَابِرًا نِّعْمَ الْعَبْدُ إِنَّهُ أَوَّابٌ
(38.44) « Prends un bouquet d’herbe dans ta main, et guéris avec, et ne pèche point ». En vérité, nous l’avons trouvé patient, un excellent serviteur; et enclin au repentir.
J’ai traduit le verbe « daraba » en 38:44 par « guérir », qui est l’une des nombreuses significations du verbe comme étudié précédemment. Le verset donne un aperçu de la façon dont Job a été guéri par la grâce de Dieu, après avoir été guidé vers une source aux propriétés curatives où il a pu se laver et boire. 38:44 semble indiquer que Job a trouvé près de la source une herbe abondante comportant les mêmes propriétés curatives qui lui ont permis de guérir. En tout cas, il est incorrect ici de traduire « لا تحنث » (la tahnath) par « ne trahis pas ta parole » (ce qui est la signification choisie par Ibn Kathir) car il n’y a aucun verset coranique (ou même biblique) faisant allusion au fait que Job ait prêté plus tôt un quelconque serment ; Tout ce qu’il a fait est d’implorer Dieu pour sa guérison (38:41). L’un des sens du verbe taḥnath (تحنث) est de « pécher » ou de « commettre un péché ». En 38:44, Dieu met en garde Job de cesser de pécher à l’avenir. Le message du verset est que Job n’était pas parfait et s’est rendu coupable d’un péché suffisamment grave pour l’avoir exposé à la maladie.
4.2.2 Traduction sunnite de 38:44
Le verbe « daraba » en 38:44 est systématiquement traduit par « battre » ou « fouetter » dans la quasi totalité des traductions de par le monde. La plupart des traducteurs, influencés par Ibn Kathir, croient dur comme fer que Job avait fait serment de fouetter sa femme cent fois pour avoir péché contre lui. Exemple:
(38:44) Take a small bunch of grass and strike [her] with that, so as not to break your oath.
Traduction: Abdel Haleem
(38:44) Prends une petite gerbe d’herbe et fouette [la] avec, afin de ne pas rompre ton serment.
Le très célèbre érudit sunnite Ibn Kathir (né vers 1300, mort en 1373) relate la vie du prophète Job dans « L’histoire des Prophètes » (قصص الأنبياء) en s’appuyant en partie sur des traditions dont il ne cite même pas les sources, donc par définition plus que douteuse. Il raconte comment Job a été tenté par satan, et est ensuite tombé malade pendant sept ans :
Extrait de l’histoire de Job selon Ibn Kathir:
« Job répondit: « Depuis combien de temps ai-je ainsi souffert? Elle (sa femme) répliqua: « sept ans. » Job lui dit alors: « En ce cas, j’ai honte d’invoquer mon Seigneur pour qu’il retire ma misère, car je n’ai pas souffert plus longtemps que les années de bonne santé et d’abondance. Il semble que ta foi se soit affaiblie et tu es mécontente de l’adversité [voulue par] Dieu. Si jamais je retrouve la santé, je jure que je te punirai de cent coups (de fouets)! A compter de ce jour, je m’interdis de manger ou de boire quoi que ce soit qui provienne de ta main ! Laisse-moi seul et laisse mon Seigneur faire de moi ce qu’Il veut. »
L’histoire d’Ibn Kathir est complètement ridicule et insultante à l’égard de Job, prétendant qu’il a refusé de prier Dieu pour sa guérison, parce qu’il n’avait pas suffisamment souffert (sept ans, c’est beaucoup trop court); Job s’offusque que sa femme commette le péché de lui demander de prier que Dieu ne mette fin à ses souffrances, et il lui promet de lui infliger cent coups de fouets pour la punir. Lorsque Job se remet de sa maladie à la fin de l’histoire, Ibn Kathir dit que Job ne voulait plus fouetter sa femme et interprète 38:44 en faisant un rapprochement avec son histoire rocambolesque en prétendant que le verset indique que Dieu a finalement demandé à Job de ne frapper sa femme que légèrement avec un bouquet d’herbes minces, afin de ne pas trahir son serment. La leçon pleine de sagesse d’Ibn Kathir est que si vous promettez de battre votre femme, vous devez tenir parole.
La narration d’Ibn Kathir est exempte de toute référence, pas même un hadith, mais il est une figure tellement respectée et adulée dans l’Islam sunnite que les nombreux érudits sunnites et traducteurs de tous temps ont sauté à pieds joints sur son interprétation que le verbe « daraba » en 38:44 signifie que Job n’a finalement fouetté sa femme qu’avec un bouquet d’herbes minces.
Au passage, et en ce qui concerne l’interprétation de 4:34, Ibn Kathir a déclaré que « si le fait d’avertir et d’éviter votre femme dans le lit ne produisent pas les résultats désirés, vous êtes autorisé à discipliner votre femme, sans [pour autant] la battre sévèrement. »
Une fois que vous vous permettez d’avaler les fables d’Ibn Kathir au sujet de l’histoire de Job, vous me pouvez que comprendre le verset 4:34 comme il l’a fait et traduire le verbe « daraba » comme signifiant que vous pouvez battre votre femme en dernier recours, après l’avoir avertie, puis évitée au lit.
En vérité, 38:44 ne fait aucune mention de la femme de Job. On n’y trouve même pas de pronom féminin qui pourrait hypothétiquement lier le verset à sa femme ! Ni le Coran pleinement détaillé, ni la Bible, ne mentionnent que Job avait fait serment de battre sa femme de cent coups de fouets. Tout ceci n’est qu’insulte au caractère et la mémoire de Job, et plus grave encore, c’est salir l’image de l’islam. Comme je l’ai expliqué précédemment, la traduction la plus logique compte tenu du contexte est que Job a été « guéri » en deux étapes : D’abord en se baignant et en buvant d’une source avec des propriétés curatives, puis à un niveau plus profond en cueillant et en mangeant l’herbe trouvée à proximité de la source.
Conclusion
(4:34) Les hommes protègent les femmes, en raison de ce que Dieu a accordé aux premiers en comparaison avec ces dernières, et parce qu’ils les soutiennent grâce à leurs richesses. Par conséquent, les femmes vertueuses sont obéissantes [aux commandements de Dieu] quand il s’agit de préserver les aspects intimes et privés [d’un mariage] que Dieu entend préserver. Quant à celles dont vous craignez un comportement déloyal, alors avertissez les, et évitez-les dans le lit et ignorez-les; Et si elles vous obéissent, ne cherchez point à leur encontre de mesures (de rétorsion). En vérité, Dieu est Omniscient et grand.
– Le verbe « daraba » a environ 30 significations différentes en arabe et a été historiquement interprété en 4:34 comme voulant dire « battre sa femme en raison des hadiths et de la Sunna qui préconisent de la battre si elle le mérite, comme étudié dans la section précédente.
Nous avons de surcroit démontré que le verbe « daraba » apparait 55 fois dans le texte coranique et ne signifie « battre » ou « Frapper » physiquement que dans à peine 15% des cas ! D’autre part, le verbe « daraba » ne signifie « frapper un être humain » (en vie) qu’une seule fois dans tout le coran (en 8:12) et c’est en temps de guerre, ce qui correspond en réalité à seulement 2% des cas !
Quelle est donc cette folie qui pousse les sunnites à insister que « daraba » en 4:34 signifie « battre » ?!
– La croyance aux Hadiths et à la Sunna a aveuglé les musulmans pendant plus de mille ans, les empêchant de comprendre ce verset ainsi que beaucoup d’autres à la lumière du Coran et de son message d’amour et de paix :
Contexte de 4:34
4:34 débute par un commandement on ne peut plus clair: « Les hommes protègent les femmes»…
Vous ne pouvez pas « protéger » votre femme
…. et « la battre » en même temps.
A peine quinze versets plus tôt, en 4:19, Dieu déclare que les hommes « vivent avec leurs femmes dans la gentillesse ».
Battre sa femme est un acte vil et l’antithèse de la gentillesse.
30:21 indique que Dieu a « placé l’amour et la miséricorde entre époux ».
Combien d’amour et de miséricorde reste-t-il
après qu’un mari batte sa femme ?
Nous sommes ici témoins du décalage monstrueux entre le magnifique message de paix et d’amour du coran et le message abject des hadiths et de la sounnah qui autorise de battre sa femme.
Les savants sunnites prétendent que vous pouvez battre votre femme après deux avertissements successifs. Au contraire, les mesures de représailles extrêmement mesurées décrites dans le verset (l’avertir, et l’éviter au lit, et l’ignorer) doivent être mises en œuvre immédiatement pour faire passer un message ferme mais pacifique, à savoir que la situation doit cesser. Les trois expressions sont séparées par “wa” (et) et non par “fa” (alors), ce qui signifie que les mesures sont immédiates et non consécutives.
Quant à celles dont vous craignez un comportement déloyal, alors avertissez les, et évitez-les dans le lit et ignorez-les;
– La vraie signification de « daraba » en 4:34 est d’« ignorer » sa femme, ce qui concorde parfaitement avec l’idée de « l’éviter au lit », mentionné juste avant dans le verset.
Cette définition est parfaitement documentée dans plusieurs dictionnaires classiques, notamment dans le dictionnaire classique arabe-anglais mondialement reconnu d’Edward Lane.
Cette sagesse coranique permet à un mari victime de comportement déloyal de se faire respecter sans recourir à la violence. C’est également la façon idéale choisie par Dieu pour jeter les bases d’une réconciliation entre époux, tel que défini en 4:34-35 et 4:128. La violence conjugale inspirée par les hadiths contredit de manière flagrante la réconciliation préconisée par Dieu en 4:128, et conduit au contraire le plus souvent au divorce. Dans le meilleur des cas, elle laisse des traces indélébiles dans le mariage.
– Dieu sait parfaitement que beaucoup d’hommes (et de femmes) peuvent être tentés d’être violents en cas de conflit : L’un des principaux objectifs de 4:34 est de s’assurer que le mari protège sa femme et, en cas de conflit, que des mesures de représailles pacifiques telles qu’« ignorer » sa femme soient instaurées, afin que toute la violence soit exclue du mariage.
Le message sous-jacent de 4:34 est simple et fort:3
Dieu préconise la paix et réconciliation,
la violence conduit à la séparation
Combien de temps faudra-t-il à au monde musulman pour se repentir et finalement admettre que les hadiths et la sounnah sont la racine du mal qui ronge l’Islam ? Les savants sunnites prétendent depuis plus de mille ans que les hadiths et la sunna sont absolument essentiels pour clarifier le message du Coran et ferment les yeux sur le fait que ce dernier proclame qu’il est pleinement détaillé (6:114, 7:52, 10:37). 4:34 est un parfait exemple que c’est en fait exactement le contraire: Ce sont les hadiths et la sounnah qui empêchent les gens de comprendre le message de paix et de miséricorde du Coran, et ces derniers sont responsables des lois abjectes qui salissent l’image de l’islam telles que la lapidation de l’adultère, tuer l’apostat, tuer la personne qui refuse de prier, battre sa femme, ou encore la mutilation génitale féminine (voir «hadiths, le cancer de l’islam»).
Article publié le 5/8/2017